André Marie Constant Duméril

Médecin et naturaliste français (Amiens 1774-Paris 1860).

Adolescent, il songe déjà à devenir médecin, mais son père, juge de paix chargé d'une nombreuse famille, ne peut payer des études aussi longues. Le jeune Constant est placé à dix-sept ans comme garçon de boutique chez un droguiste de Rouen. Par chance, son patron, homme éclairé, possède une importante bibliothèque qu'il met à sa disposition. Duméril se lance avec enthousiasme dans l'étude des plantes, si bien qu'il remporte en 1791 un prix de botanique décerné par l'Académie des sciences de Rouen.

Ce succès lui vaut d'être distingué par un professeur de l'école de médecine de la ville, qui l'initie à l'anatomie humaine. Il devient, en 1793, maître adjoint d'anatomie à l'école de médecine de Rouen, puis est envoyé à l'École de santé de Paris, nouvellement créée. En 1795, il y est chargé des travaux de dissection. Promu, en 1799, chef de travaux d'anatomie, il devient deux ans plus tard professeur d'anatomie et de physiologie. En 1808, il énonce sa théorie vertébrale du crâne, assimilant celui-ci à une vertèbre et comparant les muscles du cou à ceux qui unissent entre elles les vertèbres. Cette théorie sera reprise plus tard par le naturaliste allemand Oken ; dans l'intervalle, elle lui vaut les railleries de ses amis, qui ne l'abordent jamais sans lui demander comment se porte sa « vertèbre pensante ».

Duméril, qui reprendra, en 1812, la clientèle de son beau-père, médecin connu, et enseignera, à partir de 1818, la physiologie interne à la faculté de médecine, professera, en outre, au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Après avoir collaboré avec Cuvier aux deux premiers volumes des Leçons d'anatomie comparée du grand naturaliste, il se voit en effet offrir, en 1803, la suppléance de la chaire des reptiles et des poissons occupée par Lacepède, qui a trop de travail pour pouvoir continuer à assumer son enseignement. Il argue de ses connaissances insuffisantes dans ce domaine ; il ignore notamment, tout, dit-il, des poissons épineux. Mais Cuvier insiste : « Je te donnerai tous mes manuscrits… Lacepède te communiquera toutes ses notes. » Il se laisse finalement convaincre et commence ses cours au Muséum, qui se poursuivront pendant cinquante-quatre ans.

Il écrira plusieurs ouvrages, dont le plus important est son Erpétologie générale, ou Histoire naturelle complète des reptiles, rédigée avec la collaboration de Gabriel Bibron, puis, après la mort de celui-ci, avec celle de son propre fils, Auguste Duméril (1812-1870), lui aussi médecin et naturaliste. Ce monument, qui paraît entre 1834 et 1857, comporte 10 volumes et un atlas de 120 planches. Il comprend des descriptions originales et précises de 1 311 espèces de reptiles et de batraciens – alors que l'ouvrage de Lacepède, qui faisait jusque-là autorité, ne mentionnait que 292 espèces ; il contient aussi des commentaires sur l'anatomie, le comportement et l'histoire des animaux étudiés. La rédaction de l'Erpétologie générale a bénéficié de l'essor, au xixe siècle, des explorations, qui permettent parallèlement d'enrichir les collections d'histoire naturelle. Les voyageurs-naturalistes de l'époque ont aussi fourni à Constant Duméril un certain nombre d'animaux pour sa ménagerie de reptiles, créée au Muséum à la fin de 1838, et objet de tous ses soins.

La ménagerie des reptiles

La ménagerie des reptiles



L'une des grandes créations de Duméril est la ménagerie de reptiles, la première du genre en Europe. Elle a des débuts modestes. Ses premiers pensionnaires sont deux pythons et trois crocodiles cédés au Muséum par un montreur de foire en 1838. On les installe dans une pièce située au rez-de-chaussée d'une petite maison du Jardin des Plantes, mais les locaux se révèlent rapidement trop exigus ; il faut envisager la construction d'un nouveau bâtiment. À la mort de son fondateur, la ménagerie compte 193 espèces – 160 reptiles et 33 batraciens –, représentées par 3 589 individus. Comme l'a dit Geoffroy Saint-Hilaire, « elle permet enfin l'observation à l'état vivant d'une des classes les plus difficiles à étudier et l'une de celles qui offrent le plus d'intérêt ».