Paul Biya

Paul Biya
Paul Biya

Homme d'État camerounais (Mvomeka'a, près de Meyomessala, 1933).

Après des études en France, il rentre au Cameroun en 1962, où il devient chargé de mission à la présidence de la République. Il gravit progressivement les échelons du pouvoir à l'ombre du président Ahmadou Ahidjo, et devient, après avoir occupé plusieurs postes au sein du ministère de l'Éducation nationale, Premier ministre en 1975.

1. L'accession au pouvoir

Devenu chef de l'État en 1982 après la démission de Ahidjo pour raisons de santé, il lui succède également, en 1983, à la tête de l'Union nationale camerounaise (UNC), alors que l’ancien président, accusé de complot et réfugié en France, renonce à toutes ses fonctions. Sans adversaire, Paul Biya est élu à la présidence de la République en 1984 avec 99,9 % des voix avant de déjouer une tentative de coup d’état (6 avril) dont les responsables sont sévèrement châtiés ou exécutés. Originaire du Sud (chrétien), à la différence de son prédécesseur nordiste, il veut éviter cependant de s'aliéner les populations du Nord tout en prônant un État fort et centralisé. Il supprime ainsi dans un premier temps le poste de Premier ministre dont il cumule les fonctions, et prend en main le parti unique, rebaptisé Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) en 1985.

En 1988, le président est reconduit dans ses fonctions avec 98,7 % des suffrages, tandis que son parti s’arroge la totalité des sièges à l’issue d’élections où sont toutefois autorisées des candidatures multiples.

2. Une timide démocratisation « par le haut »

Après avoir répondu par la force aux premières manifestations en faveur de la démocratie, sous la pression de la vague de libéralisation qui atteint également l’Afrique et de la France dont il s’assure l’indéfectible soutien, P. Biya accepte finalement l’instauration du multipartisme, rétablissant également le poste de Premier ministre et décrétant une amnistie générale.

En 1992, à l’issue de la première élection présidentielle pluraliste et grâce à une fraude de grande ampleur dénoncée par les observateurs internationaux, il devance de justesse son principal adversaire, John Fru Ndi, candidat anglophone du Social Democratic Front (SDF). Mais son parti n’atteint pas la majorité absolue au sein de l’Assemblée nationale à l’issue d’élections boycottées pourtant par une partie de l’opposition, en premier lieu le SDF. C’est chose faite en 1997, le RDPC obtenant 116 sièges sur 180, alors que P. Biya est réélu cette fois avec plus de 90 % des voix.

3. Vers la présidence à vie

Le septennat introduit en 1996 et la limitation des mandats levée en 2008, le chef de l’État, vantant, dans ses rares interventions publiques, la stabilité du Cameroun – une priorité qui lui vaut des appuis aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays – s’oriente désormais vers la présidence à vie. En 2004, 2011 et 2018, le « Sphinx d’Étoudi » (site du palais présidentiel), l’emporte ainsi sans surprise.

Alors que d’autres pays d’Afrique connaissent de véritables alternances, cette longévité ne s’explique pas seulement par les manipulations électorales, la fraude ou les moyens financiers à la disposition du parti au pouvoir, mais aussi par les divisions d’une opposition qui, minée par les rivalités, savamment entretenues par le pouvoir, ne parvient pas à se rassembler autour d’une candidature unique.

Pour en savoir plus, voir l'article Cameroun.