Henriette Rosine Bernard, dite Sarah Bernhardt

Sarah Bernhardt
Sarah Bernhardt

Actrice française (Paris 1844-Paris 1923).

« Reine de l'attitude et princesse du geste » selon Edmond Rostand, « voix d'or » d'après Victor Hugo, Sarah Bernhardt marqua le monde du théâtre par ses interprétations, ses tournées tumultueuses, son faste de directrice, sa magnificence et ses extravagances.

1. La tragédienne

Sortie du Conservatoire en 1862, Sarah Bernhardt débute, à 18 ans, à la Comédie-Française. Ne poursuivant pas l'aventure après une année décevante, elle passe au théâtre du Gymnase, puis au théâtre de l'Odéon (1866), où elle se révèle en travesti dans le Passant (1869) de François Coppée. Son rôle dans Ruy Blas – où elle interprète la reine d'une manière nouvelle, mettant en valeur la faiblesse de la femme et la poésie du texte – est son premier triomphe, ce qui lui vaut d'être rappelée par la Comédie-Française en 1872.

Victor Hugo, conquis, lance l'expression « voix d'or », si souvent reprise pour caractériser son style vocal. Dans cette période de début, elle apparaît étonnamment frêle, plutôt plaintive que passionnée, mais elle séduit par cette voix bizarre, chantante, mordante, et surprend par une intonation anglaise. Avec Mounet-Sully comme partenaire, elle s'affirme ensuite dans les grands rôles du répertoire romantique et classique : Zaïre de Voltaire, Phèdre de Racine (1874), et s'impose définitivement dans Hernani de Hugo (1877).

2. La directrice de compagnie

En 1880, Sarah Bernhardt démissionne de la Comédie-Française avec éclat, et crée sa propre compagnie. Elle se consacre alors à une série de tournées dans le monde entier, notamment en Angleterre et aux États-Unis. À son retour à Paris, Sarah Bernhardt est millionnaire. Elle achète un théâtre, s'y ruine malgré le succès de Théodora (Victorien Sardou), où elle donne libre cours à son goût de la mise en scène luxueuse. Elle fait de nouveau fortune en Amérique et, après une tournée qui la conduit cette fois jusqu'en Australie, elle s'installe en 1893 à Paris, où, après avoir dirigé le théâtre de la Porte-Saint-Martin, elle prend la direction du théâtre de la Renaissance. En 1898, elle fonde le théâtre qui portera son nom et qui est devenu le Théâtre de la Ville. Elle y joue la Dame aux camélias, la Princesse lointaine, Hamlet, et crée deux pièces d'Edmond Rostand : la Samaritaine, et surtout l'Aiglon, qui connaît deux cent cinquante représentations consécutives. Enfin, elle crée Lorenzaccio d'Alfred de Musset, drame en prose qu'on pensait injouable à l'époque.

Après un accident, Sarah Bernhardt est amputée d'une jambe en 1915. Mais sa volonté, et l'amour de son art, lui font surmonter les disgrâces de l'âge et de la maladie, et elle paraît au théâtre aux armées, jouant assise. En 1920, âgée de 76 ans, elle crée encore → Athalie. Avec sa sensibilité frémissante mais extérieure, sa diction chantante ou saccadée, son jeu tout en souplesse, Sarah Bernhardt représente l'idéal de l'actrice pour la période 1870-1900. Elle s'essaie comme auteur dramatique (l'Aveu, Adrienne Lecouvreur, 1907) et laisse des Mémoires.

Sarah Berhardt dans Phèdre de Racine
Sarah Berhardt dans Phèdre de Racine
Sarah Bernhardt
Sarah Bernhardt
Sarah Bernhardt
Sarah Bernhardt
Sarah Bernhardt dans l'Aiglon, d'Edmond Rostand
Sarah Bernhardt dans l'Aiglon, d'Edmond Rostand
Sarah Bernhardt dans Lorenzaccio
Sarah Bernhardt dans Lorenzaccio
Sarah Bernhardt, Phèdre de Jean Racine
Sarah Bernhardt, Phèdre de Jean Racine