Claude-Gaspard Bachet de Méziriac

Poète, traducteur et mathématicien français (Bourg-en-Bresse 1581-Méziriac [aujourd'hui Mézériat, département de l'Ain], 1638).

Issu d'une ancienne famille de la noblesse de robe (son grand-père avait été conseiller d'Henri II, et son père juriste auprès du duc Emmanuel-Philibert de Savoie), il devint orphelin très jeune et fut éduqué en Italie chez les jésuites où il acquit la réputation d'un grand lecteur. Il enseigna au collège des jésuites de Milan, avant de renoncer à prononcer ses vœux. De retour en France, sa fortune assurée par sa famille, il se consacra à l'étude des lettres et des sciences et aux traductions de poètes latins et de mathématiciens grecs.

Nourri de grec, d'hébreu, de latin et d'italien par les pères de la Compagnie, excellent grammairien, théologien, il composa des poésies en français (Chansons spirituelles et dévotes sur toutes les principales fêtes de l'année et sur divers autres sujets, publiées avec son frère Guillaume, en 1615), en latin (Virginis deiparae ad Christum filium epistola et alia quaedam poemata) et en italien (Rime toscane, 1626). Il publia également en latin un Amaltheum, sorte de dictionnaire mythologique et géographique destiné à faciliter aux élèves la compréhension des auteurs de l'Antiquité, une traduction des Épîtres d'Ovide et un traité De la traduction (1635).

Il voua une partie de ses travaux à l'arithmétique et publia sous le titre Problèmes plaisants et délectables qui se font par les nombres (1613) un recueil de récréations arithmétiques où, à côté de divers amusements « partie recueillis de divers auteurs et inventés de nouveau avec leur démonstration » tel le célèbre problème des maris jaloux (Trois couples doivent traverser une rivière, mais ils ne disposent que d'une seule barque qui ne peut transporter à la fois que deux personnes. Les maris sont jaloux et ne peuvent admettre que leur femme se retrouve seule en compagnie d'un autre homme. Comment faire traverser les trois couples ?), l'on trouve également des travaux d'arithmétique et d'algèbre plus sérieux, souvent inspirés de Diophante, comme une méthode de formation de carrés magiques normaux d'ordre impair, ou le premier énoncé de l'identité dite de Bézout (« deux entiers naturels a et b sont premiers entre eux si, et seulement si, il existe des entiers relatifs u et v tels que au + bv = 1 »).

Après une traduction des Collections mathématiques de Papus d'Alexandrie, Bachet de Méziriac publia en 1621 une traduction latine, avec commentaires, de l'Arithmétique de Diophante. C'est dans un exemplaire de cet ouvrage que Fermat, vers 1637, devait inscrire en marge une note posant que l'équation en nombres entiers an + bn = cn n'a pas de solutions pour n supérieur à 2. (Les tentatives de démonstration de ce théorème, connu sous le nom de « grand théorème de Fermat », ont été pendant plus de trois siècles à l'origine de beaucoup de progrès de la théorie des nombres, et ce n'est qu'en 1994 que le mathématicien Andrew Wiles parvint à en achever la démonstration).

Nommé parmi les premiers membres de l'Académie française dès la fondation de celle-ci, en 1634, Bachet de Méziriac fut dispensé de la résidence en raison d'une santé fragile et des atteintes de la goutte qui l'empêchèrent pratiquement toute sa vie de s'éloigner de sa ville natale (Quel Astre, quel démon ou quel malheureux sort / Me cause ceste estrange et fiere maladie / Qui m'assoupit le pied, tient ma jambe engourdie, / Confond les médecins, et brave leur effort ?)