trans-avant-garde italienne

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

En octobre-novembre 1979, Achille Bonito-Oliva publiait dans Flash Art un des premiers essais concernant le mouvement de la Trans-avant-garde italienne : il y voyait un retour salutaire à la peinture d’expression, au sujet et au plaisir de la facture, venant après l’austérité de l’Arte povera et du Minimal Art, de même qu’une résurgence de la facture personnelle, le retour au symbolisme, enfin une rupture dans l’enchaînement des avant-gardes récentes. Cette explosion se manifesta rapidement, et de façon surprenante à l’époque, par une succession d’expositions collectives, accueillies dans des lieux divers ; à la Kunsthalle de Bâle, en 1980, au musée Folkwang d’Essen, enfin au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1980-1981. Cette exposition regroupait les œuvres de Chia, Clemente, Cucchi, de Maria, Ontani, Paladino et Tatafiore. Avec quelques années de recul, il semble aujourd’hui possible de dégager les cinq personnalités les plus marquantes de cette tendance, fort différentes entre elles : Sandro Chia, Francesco Clemente, Enzo Cucchi, Nicola de Maria et Mimmo Paladino. Tous ont été promus par les galeries Mazzoli de Modène et Sperone de Rome et New York. Tous ont enfin en commun de se référer, outre à leur histoire personnelle, à un passé légendaire et à une tradition nationale, non sans violence et une certaine errance au sein de l’affleurement d’images diverses, contradictoires et subjectives. Le retour à la figuration est très explicite, par exemple chez Chia : il peint souvent des personnages, parfois accompagnés d’animaux, comme des images extraites d’une histoire et d’un lieu qui restent inconnus, non sans exclure l’humour ou l’anodin. Clemente fait voisiner des éléments éparpillés et autonomes ou superpose et enchevêtre des corps humains dans un univers trouble et hors de toute pesanteur. Cucchi tend aux effets dramatiques par l’usage de pâtes épaisses, de couleurs brutales en un dynamisme alliant signes abstraits et corps étranges. De Maria s’intéresse plus à la transformation d’un espace mural par l’usage de grandes étendues de couleurs vives, renvoyant à une sorte de vision cosmique et mouvante, habitée de petits éléments peints géométriques ou organiques. Enfin, Paladino réinvente un certain primitivisme des formes et des signes. L’absence de toute profondeur donne à ses œuvres l’aspect d’icônes.

Tous ces artistes cherchent en définitive à réinventer le travail physique de l’artiste, en réaction contre une conceptualisation jugée par eux abusive et stérile, par l’obtention d’images habitées de fantasmes morcelés et en perpétuelle dérive, et dans le sens d’une véritable renaissance de la tradition picturale italienne.