peintres de la réalité

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Expression fréquemment employée pour désigner des artistes qui s'inspirent du spectacle de la vie quotidienne sans le tirer vers le réalisme caricatural ni le transposer sur le mode héroïque, et plus particulièrement ceux du xviie s. français.

Elle prend place dans l'histoire de l'art avec l'ouvrage de Champfleury (lui-même romancier réaliste) les Peintres de la réalité sous Louis XIII. Les frères Le Nain, mais elle ne devient d'usage courant qu'en 1934, à partir de l'exposition organisée à l'Orangerie des Tuileries par Paul Jamot et Charles Sterling, autour des Le Nain et de Georges de La Tour, et intitulée " les Peintres de la réalité en France au xviie s ". L'expression fut alors reprise par diverses expositions et divers livres (Philippe Erlanger, 1946), et parfois tirée vers le xviiie s. (Ceruti), voire l'art contemporain (néo-réalistes), mais rarement employée à propos des caravagesques italiens ou des petits maîtres flamands.

D'ordinaire, elle reste circonscrite à l'art français du xviie s. Malheureusement, l'approfondissement des études en ce domaine conduit de plus en plus à en limiter l'emploi. Elle qualifie de façon juste un des aspects principaux de cet art durant les deux premiers tiers du xviie s. et définit fort bien, comme le disait Paul Jamot en 1934, " une famille d'esprit ". Mais elle confond avec une facilité dangereuse des courants très divers : mouvement caravagesque (Valentin, Tournier, La Tour), inspiration burlesque symétrique, comme en littérature, de l'inspiration précieuse (Lallemand, estampes de Lagniet), peinture de genre plus ou moins liée à la bamboche italienne (Bourdon) ou aux développements nordiques (Le Nain, Michelin), nature morte (Linard, Moillon), portrait (Champaigne), paysage (Claude Lorrain). Enfin, elle contribue à fausser de nombreux problèmes (Baugin peintre de natures mortes, Stella portraitiste). Après avoir joué un rôle efficace dans la réhabilitation du xviie s. français, elle apparaît limitée désormais à la vulgarisation, et ne saurait prétendre à s'établir parmi les catégories reçues de l'histoire de l'art.