peinture métaphysique

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Ce mouvement pictural italien prit forme en 1916, lors de la rencontre fortuite, dans un hôpital militaire de Ferrare, des peintres De Chirico, Savinio, Carrà et De Pisis. À partir de 1920, Morandi y adhéra aussi quelque temps. Mais le mouvement naquit d'une série de recherches antérieures. Ainsi, les tableaux de la période parisienne de De Chirico peuvent se ranger, à partir de 1910, parmi les premiers témoins de la peinture " métaphysique ". La suite des " Places d'Italie " exprime une dimension onirique et fantastique qui introduit un élément troublant dans le vide de leurs vastes scénographies architectoniques. Avec la Peinture métaphysique, la métaphore et le rêve deviennent les bases de cette transposition de la réalité au-delà d'une logique habituelle. En même temps, le contraste entre la précision réaliste des objets et de l'espace et l'atmosphère lyrique et évocatrice en renforce la tension hallucinée. En dehors de l'affinité des thèmes, le Mouvement métaphysique naquit de cette atmosphère commune qui, entre 1916 et 1922, réunit peintres et écrivains dans le cercle de la revue Valori Plastici, où fut publiée une série d'études théoriques de De Chirico et de Savinio sur la Peinture métaphysique. C'est dans Anadioménon (1919) que Savinio énonça les deux principes essentiels de la poétique métaphysique : " spectralité " et " ironie ". Le thème du " mannequin ", qui devint le motif clef des tableaux de De Chirico et de Carrà, se trouve aussi pour la première fois dans les écrits de Savinio. Diverses composantes culturelles s'intégrèrent au mouvement : pour Savinio et De Chirico, par exemple, les influences néo-classiques exercées par l'ambiance munichoise de leur formation (la peinture de Böcklin en particulier) furent très importantes. En outre, le retour à la tradition classique et à la peinture des Trecento et du Quattrocento italiens (dont le théoricien fut Carrà dans ses articles sur Valori Plastici) devint un autre antécédent formel important de la Peinture métaphysique. À propos des perspectives " quattrocentesques " des paysages métaphysiques (Roberto Longhi écrivait : " Le quattrocento devenait une scène d'opéra pour les marionnettes métaphysiques, pour les convives de pierre "). Deux tendances sont décelables dans le Mouvement métaphysique : l'une, riche surtout de significations symboliques et littéraires (De Chirico et Savinio), l'autre, moins doctrinale, mais conditionnée plus profondément par une sensibilité formelle et picturale (Carrà et Morandi). Le mouvement ne forma jamais ni une école ni un groupement bien défini, mais fut plutôt l'expression, le plus nettement formulée en Italie, de la crise du Futurisme. C'est en ce sens que les influences exercées ont été très larges, soit en Italie, soit en Europe. En Italie, la Peinture métaphysique fut même sensible sur des artistes qui évoluèrent tout différemment (Sironi, Soffici, Campigli, Soldati). La diffusion du mouvement, opérée d'abord par Valori Plastici (1918-1921), fut pleinement réalisée par deux grandes expositions organisées en Allemagne, en 1921 et en 1924. L'expérience métaphysique prit fin vers 1920 avec les derniers tableaux métaphysiques de De Chirico (1918), de Morandi (1920) et de Carrà (1921). En 1980, à la Galerie d'Art moderne de Bologne, une vaste exposition a été consacrée aux années 20 en Italie, et notamment au mouvement de Metafisica (La Metafisicagli anni Venti).