détrempe

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Technique picturale où les couleurs sont broyées à l'eau, puis délayées (ou " détrempées ") au moment de peindre avec, selon les procédés, de la colle de peau tiède ou de la gomme (synonyme : peinture à la colle).

C'est, sans doute, le plus ancien procédé de peinture connu. Les Égyptiens s'en servaient déjà, les Étrusques, les Grecs et les Romains aussi. Le Moyen Âge l'utilisa encore après l'invention de la peinture à l'huile, notamment pour l'exécution de peintures murales et d'enluminures sur des manuscrits.

Quel que soit le support auquel elle s'applique, la peinture à la détrempe exige une préparation soignée. Il faut d'abord obtenir une surface rigoureusement plane en recouvrant le mur d'un enduit de plâtre, qui est ensuite encollé, lorsqu'il est parfaitement sec, d'une ou plusieurs couches de colle bouillante. Sèche, cette préparation est poncée de manière à obtenir une surface lisse et unie, sur laquelle on applique les couleurs. La technique est la même pour les supports de bois et de toile, si ce n'est que l'on ajoute du blanc de craie à la colle. Le procédé ne cessa d'évoluer, soit que la colle fût, comme au Moyen Âge, additionnée de cire ou de jaune d'œuf délayé dans du vinaigre, soit qu'elle fût mélangée à de la gomme arabique, du miel, du lait de figuier, de la caséine ou de l'huile émulsionnée à l'eau.

La technique de la détrempe exige une grande rapidité d'exécution ; séchant très rapidement, les couleurs ne peuvent être reprises facilement ; il convient en outre de ne pas superposer les couches, afin d'éviter que le film pictural de la couche inférieure ne remonte à la surface pendant l'évaporation. Les procédés de la détrempe offrent moins de souplesse que la peinture à l'huile ; c'est pourquoi ils furent de moins en moins utilisés à partir du milieu du xve s., si ce n'est pour l'exécution de décors muraux et surtout de plafonds. De nos jours, les décors de théâtre, notamment, sont peints à la détrempe. Cette technique est, à tort, confondue avec le procédé dit " a tempera ", dans lequel l'œuf sert d'agglutinant.