art concret

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Mouvement artistique fondé en 1930 à Paris par Théo Van Doesburg. Le groupe, qui édite une revue du même nom qui ne connaîtra qu'un seul numéro, est constitué, au côté de Théo Van Doesburg, des peintres Otto Gustav Carlsund, Jean Hélion, Léon Tutundjian et Marcel Wantz. Ces artistes rédigent un manifeste intitulé Base de la peinture concrète, dans lequel ils affirment que " l'œuvre d'art doit être entièrement conçue et formée par l'esprit avant son exécution (...), le tableau doit être entièrement construit avec des éléments purement plastiques et n'a pas d'autre signification que lui-même ". Ils réclament que " la construction du tableau, aussi bien que ses éléments, doit être simple et contrôlable visuellement " et que " la technique doit être mécanique, c'est-à-dire exacte, anti-impressionniste ". Enfin, ils demandent un " effort pour la clarté absolue ". C'est le tableau Composition arithmétique, peint par Théo Van Doesburg en 1930, qui illustre à la lettre ces revendications avec sa facture anonyme, sa composition constituée de formes géométriques calculées de façon arithmétique et sa gamme colorée réduite au noir et aux gris. Théo Van Doesburg devait disparaître l'année suivante. L'art concret ne fut pas tout de suite reconnu. Toutefois, dès 1936, l'artiste suisse Max Bill reprit à son compte ces idées et les développa à plusieurs reprises, en particulier dans un texte significatif intitulé la Pensée mathématique dans l'art de notre temps, publié en 1949. Entre-temps, Wassily Kandinsky en 1938, puis Jean Arp en 1944, avaient à leur tour adopté cette formule pour qualifier leur art. De nombreux artistes, en Suisse notamment, se réclamaient de cette nouvelle définition, tels que Verena Loewensberg, Camille Graeser et Richard Paul Lohse qui, avec Max Bill, se trouveront souvent réunis dans un groupe informel intitulé " Concrets zurichois " et qui exposera dans le cadre des manifestations organisées par l'association Allianz. Si l'art concret ne présente pas d'unité de style, en revanche de nombreux artistes ont pu être réunis autour de ses principes : ce que montre l'exposition organisée par Max Bill en 1944 à la Kunsthalle de Bâle, intitulée Konkrete Kunst, tandis que, dans le même temps paraissait, à Zurich, la revue Abstrakt Konkret, qui comprendra 11 numéros publiés en 1944 et 1945 par la galerie des Eaux vives, où seront organisées des expositions. Plus tard, en 1960, Max Bill organisait de nouveau une exposition avec le même titre, qui fut présentée au Helmhaus à Zurich et montra un élargissement de la conception de cet art par Max Bill lui-même à des tendances variées, ainsi que des témoignages de l'adhésion qu'il suscita dans l'ensemble du monde occidental et en particulier en Amérique du Sud. En effet, après 1945, l'art concret s'est largement diffusé en dehors de la Suisse et s'est manifesté sous forme d'expositions et de publications : ainsi à Buenos Aires, Arden Quin et Giulia Kosice fondent-ils le groupe Arturo en 1944, qui se manifestera notamment par l'intermédiaire d'une revue du même nom, puis en 1946 le groupe " Madi ", qui exposera bientôt à Paris au Salon des Réalités nouvelles. En 1945 à Paris, René Drouin organise dans sa galerie une exposition intitulée Art concret, tandis que le Salon des Réalités nouvelles, fondé en 1946, se réclamera lui aussi dans son intitulé même de l'art concret. Enfin, notamment en Italie, une exposition intitulée Arte astratta e concreta, est organisée à Milan en 1947 et précède la fondation quatre ans plus tard du Movimento arte concreto à Milan, qui regroupera des artistes italiens. C'est bien dans cet esprit qu'il faut regarder le livre publié en 1957 par un jeune artiste suisse, Karl Gerstner, qui, sous le titre Kalte Kunst ?, montre à la fois l'origine de ce mouvement dans l'art des pionniers de la peinture abstraite, présente son développement avec Mondrian, Van Doesburg et les concrets zurichois, sans oublier Josef Albers, et termine avec l'art des nouvelles générations. L'art concret est revendiqué à présent par de très nombreux artistes, au point d'avoir suscité des manifestations diverses dans le monde et en particulier la constitution de fondations qui en permettent la diffusion : c'est le cas de la Fondation pour l'art constructif et concret à Zurich, la Fondation pour l'art concret à Reutlingen, près de Stuttgart, enfin l'Espace de l'art concret à Mouans-Sartoux, près de Grasse.