les Willaerts

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintres néerlandais.

Adam (Anvers 1577  – Utrecht 1664). Comptant parmi les fondateurs de la gilde d'Utrecht, dont il fut à plusieurs reprises le doyen entre 1611 et 1637, il se spécialise dans les marines et les vues de côtes, qu'il décrit avec minutie, dans un réalisme gauche mais plein de saveur inspiré par Bruegel de Velours et, d'une façon plus proche, par H. Vroom : détails quasi énumératifs des poissons ramenés de la pêche, notes multicolores et vives des costumes, gréements rendus avec beaucoup de finesse et de précision et, à partir de 1630 environ, moutonnement mécanique et quelque peu artificiel des vagues. Il utilise les procédés archaïques de composition par étalement des objets et fait appel à la présentation frontale selon le vieux système des trois plans échelonnés en profondeur : avant-plan brun sombre, milieu vert sombre, arrière-plan bleuâtre. Plusieurs fois, Willem Ormea a collaboré à ses tableaux pour y peindre les poissons.

Adam Willaerts est particulièrement bien représenté à Amsterdam (Rijksmuseum et Musée maritime) : batailles navales, comme celle de Gibraltar (1617), Tempêtes en mer (1614), et à Rotterdam (B. V. B.) avec l'immense représentation de l'Embouchure de la Meuse à Den Briel (1633), l'un de ses chefs-d'œuvre.

On doit faire, dans l'œuvre du peintre, une place spéciale à ses tableaux plus anecdotiques, comme ses Bords de mer (1621, Rijksmuseum ; Dresde, Gg ; 1620, Hambourg, Kunsthalle), où les rochers et la nature sauvage, qui annoncent déjà les sites norvégiens chers à Allaert Everdingen, sont traités avec un talent d'inspiration nettement flamande. Adam Willaerts s'est parfois servi pour représenter l'eau de prétextes bibliques (Sermon sur le lac de Génésareth, musée de Saratov, Russie).

Abraham (Utrecht v. 1603 – id. 1669) . Fils du précédent, il a peint lui aussi des Marines et des Côtes dans le goût de son père, avec lequel on le confond parfois, bien qu'il utilise une coloration plus souple et sensible aux nuances atmosphériques. Mais toute une partie de sa carrière et de son œuvre — ne se bornant point à l'atelier paternel — échappe au milieu mariniste. Ainsi, on vient de retrouver à Angers un Joueur de violon, signé, d'inspiration nettement caravagesque. Abraham étudia également chez Bylert, puis chez Vouet à Paris, et voyagea en Italie, notamment à Naples et à Rome (en 1659, son surnom dans la Bent était " Indian ", sans doute à cause de sa participation à l'expédition de Jean Maurice de Nassau au Brésil, en 1637-1644). On connaît ainsi de lui des Paysanneries, d'un goût rustique proche de celui des Le Nain et de certains de leurs imitateurs, de Kalf et Sorgh (Maternité, musée de Grenoble ; Pâtres dans un paysage italianisant, musée de La Fère). Abraham a exécuté également d'assez nombreux portraits (musées de Grenoble, d'Utrecht, de Cambridge).

D'autres fils d'Adam furent eux aussi peintres : Cornelis ( ? – Utrecht 1666) , maître en 1622, qui a laissé des tableaux mythologiques : Bacchus et Ariane (Ermitage) ; Isaac (Utrecht v. 1620 – Utrecht 1693) , maître en 1637, dont on voit des œuvres dans les musées d'Emden (Poissons morts), d'Utrecht et de Rotterdam (B. V. B. : Marines).