Antoine Wiertz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre belge (Dinant 1806  –Bruxelles 1865).

Précoce, il dessinait et gravait sur bois à dix ans et fut, à quatorze ans, élève de Van Bree à Bruxelles, où il exécuta notamment des copies de Rubens. À Paris de 1829 à 1832, il visite le Louvre et admire Raphaël. Prix de Rome, il séjourne en Italie (1834-1837), entre à l'Académie de France et peint Grecs et Troyens se disputant le corps de Patrocle (musée de Liège, esquisse sur bois à Anvers), énorme toile exposée sans succès en 1839 à Paris. Cet échec ramena Wiertz en Belgique, d'abord à Liège, où il exécuta de petites scènes de genre spirituelles (les Botteresses, Ixelles, musée Wiertz) et des portraits réalistes (la Mère de l'artiste, 1838, Bruxelles, M. R. B. A.). La partie la plus originale de son œuvre, réalisée à Bruxelles à partir de 1845, consiste en d'immenses compositions qu'anime un Romantisme visionnaire, revendicatif et angoissé, qu'avait alimenté la révolution de 1848 (Pensées et visions d'une tête coupée, 1853, Ixelles, musée Wiertz ; Faim, folie et crime, id. ; Réveil d'un homme enterré vif, 1854, id.). L'artiste recherchait des effets de peinture mate, qui rapprochent ses toiles de l'ancienne fresque. Émule, selon ses dires, de Michel-Ange et de Rubens, Wiertz sacrifie trop souvent la réalisation à une expression outrancière, où revit l'éclectisme ostentatoire du Maniérisme. Des tableaux moins ambitieux, ménageant d'insolites et moralisatrices rencontres entre des squelettes et des modèles nus, plantureux et impassibles, annoncent certains aspects du Symbolisme, voire du Surréalisme (la Belle Rosine, 1847, id.). Cette toile, inspirée de Schiller, dépasse le romantisme et, tout en prolongeant le motif des Vanités, prend un accent baudelairien. En 1850, Wiertz obtint du gouvernement belge un atelier, construit à sa demande sur les plans du temple de Paestum, sous réserve qu'il deviendrait propriété de l'État et serait transformé après sa mort en musée.