Vitale da Bologna

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Bologne, documenté de 1330 à 1359).

Il est considéré comme le plus grand maître bolonais de la première moitié du trecento. L'école de peinture de Bologne lui doit cette forte autonomie qui, durant tout le siècle, caractérisera son évolution et sa diffusion. Grâce à lui, en effet, la forte culture romane d'Émilie fait place à un climat gothique rénové, à un langage naturaliste par la solidité de son coloris, mais libre dans son organisation irréaliste de l'espace et de la forme, et qui dérive aussi de la grande tradition de la miniature locale, introductrice de la miniature gothique française. Le génie de Vitale sut élever à une haute cohérence stylistique ces sources hétérogènes d'inspiration, toutes étrangères à la tradition toscane, contribuant ainsi de manière décisive à la caractérisation de la culture émilienne et à son orientation anticlassique et intimement réaliste. Après les fresques autrefois au couvent de S. Francesco (1340, la Cène et des Saints, Bologne, P. N.) et le polyptyque de S. Maria dei Denti de 1345 (la Vierge et l'Enfant, Bologne, musée Davia Bargellini, et des Saints, Bologne, coll. de la ville), les fresques de l'abbaye de Mezzaratta (Annonciation et Nativité, Baptême du Christ, Madone et l'Enfant, Bologne, P. N.) et celles de l'abbaye de Pomposa (Christ en gloire, Scènes de la vie de saint Eustache) révèlent le génie inventif que peut déployer l'artiste dans la mise en page de vastes compositions, la fantaisie allègre et variée des épisodes que relie le fil vagabond et imaginatif d'un savoureux discours d'esprit tout gothique : cette vivacité est autorisée par la liberté de la trame narrative et la ductilité de la forme dans un espace irrationnel et abstrait. Dans les fresques exécutées pour le dôme d'Udine en 1349 (Épisodes de la vie de saint Nicolas), Vitale semble reconnaître, pour la première fois, la noblesse de la forme giottesque, mais garde cependant sa liberté d'esprit. On retrouve cette conception plus disciplinée de la forme dans le polyptyque (1353) de l'église S. Salvatore à Bologne (au centre, le Couronnement de la Vierge) et dans les fresques, récemment découvertes, de l'église dei Servi (les Docteurs de l'Église, fragments de l'Assomption et de Scènes de la vie de sainte Madeleine). D'autres peintures, sur bois, comme la Vierge et l'Enfant (musée de Viterbe), les 4 Scènes de la vie de saint Antoine abbé, le Couronnement de la Vierge et le Saint Georges combattant le dragon (Bologne, P. N.), la Madone dei Battuti (Vatican), le diptyque divisé entre la N. G. d'Édimbourg (Adoration des mages) et la Fondation Longhi de Florence (la Pietà avec des Saints) ainsi que la Crucifixion de la fondation Thyssen-Bornemisza (Madrid), montrent, dans l'ordre où elles sont citées ici, l'accentuation progressive du goût gothique de Vitale.