Saul Steinberg

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre et dessinateur américain d'origine roumaine (Rîmnicu Sarat 1914-New York 1999).

Après des études à l'École d'architecture de Milan, il se rend en 1941 aux États-Unis, puis participe à la Seconde Guerre mondiale sur les fronts allemand, français et japonais. De ces " voyages forcés ", il tire un premier recueil de dessins, All in Line (1945), qui lui vaut d'emblée la plus grande célébrité. Depuis, il publie régulièrement dans les magazines Flair, Vogue et Harper's Bazaar des dessins qu'il regroupe ensuite en albums, dont The Labyrinth (1960) reste le plus populaire. " Peut-être n'existe-t-il aucun autre artiste vivant qui connaisse mieux la philosophie de la représentation " (E. Gombrich). Réelle et pourtant illusoire, la ligne de Steinberg engendre un trop-plein de sens en même temps qu'elle vide les choses de leur sens : c'est ainsi que, de page en page, une même ligne devient successivement corde à linge, bord de table, pont de chemin de fer. Jamais de légende à ces dessins où les mots et les objets ont la même valeur, parfois la même fonction : élucubrations des personnages matérialisées en gribouillis, constructions fantastiques ou fioritures grotesques, ou encore mots-personnages, Steinberg multiplie les transgressions aux lois du genre. Parfois, pour tromper son public — et sans doute lui-même aussi —, l'artiste peint sur papier ou sur toile, à la gouache, à l'aquarelle ou à l'huile, de petites compositions aux couleurs ternes où la graphie, toujours présente sous forme de vastes signatures énigmatiques, de faux ou de vrais tampons et de lignes de mots indéchiffrables, semble tourner en dérision l'acte même de peindre (Louse Point, 1969 ; Biography 69, 1969). Son œuvre est bien représenté dans les musées américains et européens (dont le collage Album, 1969, qui appartient au M. N. A. M. de Paris). De nombreuses rétrospectives lui ont été consacrées, en particulier en 1977 au Whitney Museum de New York.