Stefano da Verona

dit aussi Stefano da Zevio

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Vérone [ ? ] 1375  – [ ? ] v. 1438).

Les documents relatifs à sa vie et à ses œuvres, dont une seule est datée (Adoration des mages, 1435, Brera), sont très rares. Vasari, qui documente ses œuvres, est peu convaincant quant à son hypothèse de formation chez Gaddi. Stefano fut certainement formé dans le milieu des miniaturistes lombards (Michelino da Besozzo avait voyagé en Vénétie en 1410) et de la région vénitienne, dont témoignent plusieurs manuscrits. De récentes découvertes d'archives ont mis en lumière son ascendance française (il serait le fils de Jean d'Arbois, peintre à la cour de Philippe le Hardi). La Madone au buisson de roses (Vérone, Castel Vecchio) généralement considérée comme une œuvre de jeunesse, est parfois attribuée par la critique récente à Michelino da Besozzo, montrant la très grande complicité des deux artistes à leurs débuts. Dans cette œuvre, seul le thème s'apparente à celui, privilégié, des " jardins du paradis " de la peinture d'outre-Alpes, car Stefano en donne une interprétation fort personnelle et tout italienne : les personnages, clos dans leur songe, donnent à la scène une atmosphère de rêve ; ils sont placés presque de biais dans l'enclos d'une roseraie, sur un fond d'or où s'entrelace le vol lent des anges. Stefano révèle dans cette œuvre la qualité fondamentale de son style : l'accord infiniment délicat des lignes et des sentiments, où se dissout toute référence précise à la réalité. La même préciosité de madrigal se retrouve dans le petit chœur des anges de la Nativité, fresque de la chapelle de S. Fermo à Vérone, et dans le panneau avec la Madone et des anges (Rome, Gal. Colonna), une des plus hautes expressions du Gothique international en Italie. Les anges musiciens sont harmonieusement disposés au pied du trône et ceignent la Vierge d'une sorte d'auréole. Son unique œuvre datée, l'Adoration des mages (Brera), apparaît donc comme fort tardive (1435). Elle met cependant en évidence des affinités avec l'art de Michelino da Besozzo et avec la miniature gothique internationale. Mais l'iconographie propre à ce thème riche de personnages, de costumes et d'animaux exotiques est reprise avec un lyrisme ample et une exquise délicatesse, tandis que les rythmes linéaires se nouent et se dénouent du premier au dernier plan. Dans l'œuvre si rare de Stefano (encore appauvrie par la ruine des fresques véronaises de S. Eufemia et la perte des fresques de Mantoue), on doit distinguer un ensemble admirable de dessins (Louvre, Albertina, Offices) qui, par son importance et sa qualité, désigne l'artiste comme un grand " maître de la ligne " à partir duquel se forma Pisanello au cours de la deuxième décennie du xve s.