Giovanni Martino Spanzotti

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (documenté de 1475 à 1523 environ).

Fils de Pietro de Campanigo (Varese), Martino naquit probablement à Casale, où son père avait son atelier. Mais il est dit d'origine milanaise dans un procès où il comparaît comme témoin à Casale. En 1481, il est à Vercelli et y est encore documenté en 1490 quand Antonio Bazzi (Sodoma) entre chez lui comme élève-apprenti pour une période de sept ans. Après 1498, il se rend à Casale et, en 1501, il s'installe à Chivasso ; selon les sources, dès 1507, il est peintre de Carlo II, duc de Savoie. Son Baptême du Christ, commandé par la confrérie de S. Giovanni Battista pour le dôme de Turin, est documenté en 1508 ; à Casale, Spanzotti demande et obtient en 1513 la citoyenneté turinoise ; un Saint François recevant les stigmates, exécuté pour l'église S. Francesco de Casale, est mentionné en 1524.

Le peintre s'est donc formé dans une ambiance lombarde — entre Milan, Pavie et le nord-est du Piémont — dominée et rénovée par la personnalité de Vicenzo Foppa. Mais son art est complexe, car on y retrouve des éléments issus de la peinture française, celle de Fouquet surtout, et d'autres dérivés de la culture " méditerranéenne " de Provence et de Catalogne. Le triptyque avec la Vierge entre saint Sébastien et saint Ubald (v. 1480-1490, Turin, Gal. Sabauda) sert de point de départ à la reconstitution d'une personnalité plus préoccupée de pureté intérieure que d'élégance formelle. La même tendance caractérise l'Adoration de l'Enfant du Museo Civico de Turin, la fresque de l'Adoration de l'Enfant à l'église S. Francesco de Rivarolo Canavese, œuvre de jeunesse, ainsi que l'Adoration des mages (Turin, Gal. Sabauda).

Le cycle complexe des 21 Scènes de la Passion, peint à fresque à l'église S. Bernardo d'Ivrea, a dû être entrepris au début de la dernière décennie du siècle : le peintre passe d'une vision tranquille et idyllique à un langage plus riche et dramatique, qui rejoint celui de Bramante dans la scène centrale de la Crucifixion.

Les 18 petits panneaux avec les Scènes de la vie de saint Crépin et de saint Crépinien (Duomo de Turin), attribués autrefois à Defendente Ferrari, sont de la même veine et constituent, par leur style et leur contenu, l'une des plus hautes réussites picturales du Gothique piémontais tardif : l'atmosphère lumineuse et poétique, la manière à la fois lombarde et provençale de traiter les perspectives portent bien la marque de Spanzotti, et si, comparées aux prédelles de Defendente Ferrari, ces scènes apparaissent certes moins brillantes et moins gracieuses, elles expriment, par contre, un sentiment plus profond et plus essentiel. À ce groupe peuvent être reliés les panneaux conservés au Museo Civico de Turin et mis en rapport avec le Provençal Josse Lieferinxe. On peut rattacher à l'époque des fresques d'Ivrea le retable avec la Déploration du Christ (Sommariva Perno, santuario), ceux du château Saint-Ange à Rome, de Bianzé (église de la Misericordia), de Vercelli. Le Baptême du Christ (Turin, sacristie du Duomo), remarquable par la noblesse du paysage, est daté de 1508.