Jakob Smits

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre belge d'origine néerlandaise (Rotterdam 1855  – Achterbos 1928).

Fils d'un riche entrepreneur de décoration, d'humeur vagabonde au début de sa carrière, il acquit sa formation en fréquentant les Académies de Rotterdam et de Bruxelles, puis de Munich, de Vienne et de Rome, et il fut un moment directeur de l'École des arts industriels et décoratifs de Haarlem. D'abord influencé par l'école de La Haye, il se fait l'interprète du paysage hollandais, à Blaricum, à Laren, dans la Drenthe et au Limbourg. Enfin, en 1888, il se fixe à Achterbos, en Campine belge, après une rencontre pour lui décisive avec Neuhuys, peintre social de l'École de La Haye, qui l'incita à abandonner tous ses biens.

Il pratique d'abord presque exclusivement les techniques graphiques, aquarelle, pastel et fusain, et utilise les fonds d'or pour ses aquarelles. Il expose à Munich et à Dresde en 1897 et obtient en 1900 la nationalité belge. Il trouve son inspiration dans la Bible et dans le décor de sa vie quotidienne (scènes paysannes et d'intérieur, maternités, paysages, portraits), et reprend longtemps ses toiles, modifiant la disposition de son atelier en fonction de l'effet de lumière recherché.

Son art devient alors l'une des illustrations les plus caractéristiques du Symbolisme rustique et religieux en faveur à la fin du xixe s. (le Symbole de la Campine, 1901-1906, Bruxelles, M. R. B. A. ; le Père du condamné, 1901, id.). Ses portraits, dont les meilleurs furent inspirés par sa seconde femme (Malvina, musée d'Anvers), se rattachent encore à la tradition du clair-obscur issue de Rembrandt. Son évolution le conduisit pourtant à traiter la lumière de façon originale, au moyen d'empâtements grumeleux couvrant toute la toile (la Jeune Mariée, Josina Smits, 1910-1920, musée d'Anvers). Cet art essentiellement statique, spiritualisé par l'excès même de la matière, perd parfois de son objectivité (les Promeneurs, v. 1920-1925, Vilvorde, coll. part.). Pendant la Première Guerre mondiale, Smits renonça à la peinture pour se consacrer au service social. Ses dessins à la craie, noire ou rouge, dénotent une conception ample de la forme et il a laissé des eaux-fortes influencées par Rembrandt. Il est représenté dans les musées belges, et surtout à Bruxelles et à Anvers.