Section d'or

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Nom donné à un groupe d'artistes qui se forma en 1911 et se rattacha au Cubisme, malgré l'absence dans ses rangs des deux créateurs de ce mouvement : Picasso et Braque. Chronologiquement, la Section d'or correspond à l'expansion de l'esthétique cubiste et représente l'effort de certains artistes d'avant-garde pour systématiser la nouvelle vision qui, chez Braque et Picasso, était intuitive. Le nom de Section d'or, dont le choix est dû à Jacques Villon, illustre bien les préoccupations plastiques du groupe. À la suite de l'abandon de la perspective classique dans la composition cubiste, les artistes de la Section d'or songent à répartir le nouvel espace à 2 dimensions du tableau selon la " section d'or " (ou " divine proportion "), qui est le rapport idéal entre deux grandeurs (voir NOMBRE D'OR). Sans tr|Slp connaître le problème de la section d'or dans l'Antiquité ni s'encombrer de données scientifiques, ils sont frappés par l'importance que Léonard de Vinci accorde à la section d'or dans son Traité de la peinture. Leur but est de soumettre à la réflexion l'organisation du tableau, pour procéder méthodiquement à la réduction géométrique de la réalité.

Le groupe de la Section d'or s'est constitué au hasard des rencontres. Par l'intermédiaire de Walter Pach, peintre et écrivain d'art américain, futur organisateur de l'Armory Show, Raymond Duchamp-Villon et Jacques Villon, en 1911, rencontrent Gleizes, leur voisin à Courbevoie. Ils commencent à se réunir soit dans l'atelier de Villon, à Puteaux, soit chez Gleizes. Marcel Duchamp se joint à eux, de même que Kupka, voisin immédiat de Villon. D'autres peintres, comme Metzinger, Picabia, Léger, commencent à assister aux réunions. Chargé de l'accrochage au Salon d'automne de 1911, Raymond Duchamp-Villon réunit les toiles de ces artistes dans la salle centrale du Grand Palais. Cette participation devient ainsi la première manifestation du groupe de Puteaux, qui organise, l'année suivante, son propre Salon, le Salon de la Section d'or, qui se tient à la gal. La Boétie (oct. 1912). Parmi les exposants figurent de nouvelles recrues, dont Marie Laurencin, Malcoussis, André Lhote. Les contacts entre tous ces artistes se sont entre-temps multipliés. Ces derniers se réunissent non seulement chez Villon à Puteaux ou chez Gleizes à Courbevoie, mais encore à Montparnasse à la Closerie des lilas et aux Mardis de Paul Fort. Des dîners mensuels à Passy leur fournissent également l'occasion de se rencontrer. C'est au cours de ces réunions que le Cubisme, à force de discussions, prend l'aspect théorique qu'il n'avait jamais eu dans l'esprit de Braque et de Picasso. Aussi est-il érigé en système dans le livre Du Cubisme, que Metzinger et Gleizes publient en 1912. L'ensemble de l'activité de la Section d'or, considérée comme cubiste, est violemment attaqué par la presse. Ses seuls défenseurs sont Apollinaire et le critique Maurice Raynal.

Avec le recul, les participants aux manifestations de la Section d'or apparaissent, à quelques exceptions près, comme des épigones dont l'œuvre ne fait que raidir la démarche cubiste. En fait, le complexe problème visuel soulevé à la création de la Section d'or trouvera sa solution, bien plus tard, dans la peinture de Jacques Villon. Lui seul, à travers la pratique méticuleuse de la Section d'or, parviendra à un langage tout à fait personnel.

La dernière exposition du groupe eut lieu à la gal. Vavin-Raspail en 1925.