Marco Ricci

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Belluno 1676  – Venise 1730).

Initiateur de la peinture de paysage à Venise au xviiie s., sa riche personnalité n'a été définie nettement que récemment par la critique. Sa formation, fort complexe, le conduit d'abord à une première adhésion aux modes du xviie s. Sa vision, toujours plus personnelle, traduit la réalité de la nature avec une vive sensibilité, un sens aigu de l'atmosphère, et il éclaircit constamment sa palette dans des effets de lumière solaire que l'on peut, sous un certain angle, rapprocher de ceux de Canaletto. Après quelques essais de jeunesse qui témoignent de sa connaissance directe de la peinture napolitaine, Marco Ricci produit d'intéressantes Marines (en particulier celle de la P. N. de Bologne), dans lesquelles, au contraire, l'influence de Magnasco a été déterminante. On note qu'il fait déjà preuve d'un goût pictural exquis et d'une liberté d'expression très particulière.

En 1708, Ricci est, avec Pellegrini, à Londres, où il séjourne jusqu'en 1716, hormis un séjour dans son pays en 1710-1712, se consacrant à la décoration scénographique. Cet intérêt se reflète dans l'agencement de certaines peintures, tel le Paysage (Venise, Accademia), où le jeu des contrastes oppose la masse sombre des arbres au premier plan à l'intense luminosité du fond. Un voyage à Rome, vers 1720, eut une grande importance pour l'évolution de l'artiste. En effet, celui-ci a connaissance de la peinture de ruines de Pannini, alors à la mode, et son Paysage aux ruines antiques (musée de Vicence) — en collaboration avec son oncle Sebastiano, auteur des petites figures —, où les ruines semblent palpiter de vie dans la clarté de la lumière solaire, est un témoignage de cette influence. Observateur attentif de la réalité, Ricci a su, dans son Paysage d'hiver (auj. à la Ca' Rezzonico de Venise), saisir la particularité d'un moment, d'un coup de pinceau spontané. Entre 1720 et 1730, il accentue encore ses recherches d'atmosphère solaire. Dans les dernières années de son activité, il utilise souvent la détrempe ou la gouache sur parchemin, avec lesquelles il obtient un rendu plus clair et plus délicat (bel ensemble à Windsor Castle). Il emploie cette technique dans la Cour paysanne (Londres, Buckingham Palace), où, dans un ciel clair, vibre une treille parcourue de frémissements lumineux, tandis que le rendu des ombres sur le mur illuminé s'allonge en un graphisme filiforme. Dans une de ses dernières œuvres, le Paysage imaginaire (1728, id.), on remarque, dans une surprenante clarté, la juxtaposition nouvelle de ruines et d'un momument baroque.

Marco Ricci fut aussi un remarquable aquafortiste ; de son œuvre gravé, il subsiste 33 Paysages dans lesquels on retrouve les mêmes thèmes que dans ses peintures et la même quête d'une luminosité toujours plus vibrante et plus solaire.

Des tableaux et des gouaches de M. Ricci sont conservés dans les musées de Venise, de Belluno, de Bassono, de Trieste, de Vicence, de Padoue, à la P. N. de Bologne, à la City Art Gal. de Leeds, au musée de Varsovie, à la Gg de Dresde, au musée de Kassel, au Barber Inst. of Arts de Birmingham. Une importante exposition lui a été consacrée à Bassano en 1963 et à Belluno (Marco Ricci et le paysage vénitien, palais Crepadona) en 1993.