Jean II Restout

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Rouen 1692  – Paris 1768).

Il est le fils de Jean Ier Restout (Caen 1663 – id. 1702), peintre originaire de Caen qui travaillait à Rouen, où il épousa la sœur de Jean Jouvenet. Celui-ci devint le parrain et le maître de son neveu Jean II, qui se rendit à Paris v. 1707 et, comme Jouvenet, n'alla jamais en Italie. En 1720, Restout est reçu à l'Académie (Alphée et Aréthuse, musée de Rouen), où il fera une brillante carrière et dont il deviendra recteur en 1752, directeur en 1760 et chancelier en 1761. Son œuvre comprend des peintures mythologiques, proches de l'esprit de Boucher ; comme lui, Restout oppose d'élégants corps féminins à des figures viriles brunâtres, mais dans un coloris plus simple et moins irréaliste (dessus-de-porte à l'hôtel de Soubise, auj. aux Archives nationales, 1736-1738 ; Histoire de Psyché, 1748, château de Versailles). L'essentiel de sa production consiste en tableaux religieux, genre auquel le prédestinait son tempérament, proche des jansénistes. Continuateur direct de l'œuvre de Jouvenet dans les cartons de tapisserie de la tenture du Nouveau Testament (Baptême du Christ, 1733, Louvre) ainsi que dans divers grands tableaux de sa jeunesse (Saint Paul et Ananie, 1719, Louvre ; la Guérison du paralytique, 1725, musée d'Arras ; la Mort de sainte Scholastique, 1730, musée de Tours ; l'Extase de saint Benoît [id.] ; la Pentecôte, 1732, Louvre), Restout a, comme son oncle, le don d'animer de grandes compositions encadrées d'architectures solennelles en s'appuyant sur l'observation du réel, comme l'attestent ses portraits : Dom Baudoin du Basset (1716, musée de Rouen), l'Abbé Tournus (v. 1730, un exemplaire au musée de Vire), Portrait de Jean-Bernard Restout (1736, Stockholm, Nm). Toutefois, son style est foncièrement différent de celui de Jouvenet. Les longues figures qu'il affectionne, surmontées d'une tête minuscule émergeant de draperies mouvementées, se plient en tous sens comme sous l'effet d'un souffle mystique qui évoque parfois l'art de Bernin : Saint Hymer dans sa solitude (1735, église de Saint-Hymer, Calvados), la Charité de saint Martin (id.), la Présentation de la Vierge (1735, musée de Rouen), le Bon Samaritain (1736, musée d'Angers ; dessin au musée de Lille), Abraham et les trois anges (1736, Le Mans, Notre-Dame-de-la-Couture), Cycle de la vie de saint Pierre (1738, Orléans, église Saint-Pierre-du-Martroi), Saint Benoît (1746, église de Bourg-la-Reine), Martyre de saint André (1749, musée de Grenoble). Le talent réaliste et visionnaire de l'artiste s'exprime par une technique très libre, une pâte légère et souple où apparaissent souvent les gris et les roses : le Triomphe de Mardochée (1755, Paris, église Saint-Roch), la Purification (1758, id., dessin au musée de Rouen). Professeur respecté, Restout est l'auteur d'un Essai sur les principes de la peinture, publié à Caen en 1863 et qui contient notamment des préceptes recueillis auprès de Jouvenet, de La Fosse et de Largillière. Son art, si original, semble avoir été peu imité, sauf par des artistes provinciaux de second rang, tel Bernard-Joseph Wampe. Le musée des Beaux-Arts de Rouen a, dès 1970, consacré une grande exposition à l'artiste.