Serge Poliakoff

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français d'origine russe (Moscou 1900  – Paris 1969).

Après de brèves études à Moscou, interrompues par la révolution d'Octobre, il quitte l'U. R. S. S. en 1919 avec une proche parente. Il séjourne successivement à Constantinople, à Sofia, à Belgrade et enfin à Berlin avant de s'installer à Paris en 1923. À partir de 1930, il fréquente l'Académie de la Grande Chaumière, subvenant à ses besoins en jouant de la guitare dans les cafés russes de la capitale. Durant un séjour de deux ans à Londres, il suit les cours de la Slade School et revient à Paris en 1937. Il rencontre alors Kandinsky, Robert et Sonia Delaunay, avec lesquels il découvre les qualités spécifiques de la couleur, et Freundlich, dont il retiendra les constructions chromatiques. C'est en 1938 qu'il peint ses premières toiles abstraites, présentées au Salon des indépendants jusqu'en 1945. La gal. l'Esquisse, à Paris, organise en 1945 sa première exposition personnelle, qui le révèle au public parisien. Poliakoff participe alors régulièrement au Salon des réalités nouvelles et au Salon de mai ; en 1947 se tient chez Denise René sa deuxième exposition personnelle, suivie de nombreuses autres, à Paris et dans divers pays. Au lendemain de la guerre, Poliakoff est de ceux qui donnent son essor à la Nouvelle Abstraction : réagissant à la rigueur géométrique des dix dernières années, il choisit de s'appuyer presque entièrement sur la couleur, délimitant de grandes surfaces en tons vifs, imbriquées. Lorsqu'en 1946 Charles Estienne le loue d'avoir " fait des toiles aussi agréablement bariolées qu'un tapis de Boukhara ou de Samarcande ", Poliakoff prend conscience du danger vers lequel il glisse insensiblement : le décoratif. Il s'engage alors sur la voie d'une " ascèse enrichissante ", utilisant des gammes plus grises, plus sourdes (Composition abstraite, 1950, New York, Guggenheim Museum). Peu à peu, dans sa volonté d'accuser la juxtaposition des plans, il se sert le plus souvent de tons voisins, un orange et un rose à côté d'un rouge, un vert à côté d'un bleu. Désorganisant l'espace plastique, il décentre sa toile et refuse l'illusion de la troisième dimension. S'il s'est parfois laissé prendre au piège de ses jeux chromatiques, il reste l'un des grands coloristes de l'après-guerre.

Il est bien représenté au M. N. A. M. de Paris (9 tableaux sont entrés lors de la dation de 1972), au M. O. M. A. de New York, à la Tate Gal. de Londres, aux musées de Lille, de Grenoble, de Nantes, de Bâle, de Hambourg, de Vienne, de Liège ainsi que dans de nombreuses coll. part. Une exposition Poliakoff a été présentée (Paris, fondation D. Vierny/musée Maillol) en 1995.