Jean Pillement

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Lyon 1728  – id. 1808).

Issu d'une famille de peintres lyonnais, il fut élève de Daniel Sarrabat, qui travaillait pour les églises de la ville et dont il se souvint dans certaines anatomies : Chinoiserie (musée de Saint-Étienne) ; il voyagea beaucoup : Lisbonne (1745-1748 et 1780), Londres (1750-1760), Vienne (1763), Pologne (1765-1767 ; nombreux dessins conservés à la bibl. de Varsovie), Russie (1767). On peut admettre que, jusque v. 1775, il fut essentiellement un ornemaniste : comme Watteau, Boucher, C. Huet ou Peyrotte, il sacrifia au goût chinois dès 1743, date de son passage aux Gobelins. Mais son œuvre eut peut-être plus d'influence, prolongeant sous Louis XVI le style rocaille (Chinoises dans un paysage adorant un singe, Paris, musée des Arts décoratifs). À la différence de celles de Boucher, ses chinoiseries (dessins, panneaux, gravures, réunies en 2 vol. en 1767 et 1771) restent dans le domaine d'une fantaisie un peu folle, avec une féerie de couleurs, un entrelacs d'échafaudages inquiétants et d'animaux sinueux orchestrés dans de belles mises en page (Fleurs de caprice). Les ébénistes utilisèrent ses motifs décoratifs ou s'en inspirèrent (petit salon du musée Carnavalet à Paris, provenant de l'hôtel de Lariboisière), de même que les manufactures de soie et d'indienne, dont les opérations d'impression devinrent libres sous Louis XVI (exemples à Lyon, musée des Tissus).

Pillement s'oriente alors vers le paysage : exact contemporain de Robert et de Fragonard, il peint quelques vues d'après nature (série des Jardins de Bemfica, près de Lisbonne, 1785, Paris, musée des Arts décoratifs), issues de la tradition des vues perspectives du xviiie s. ; mais il compose le plus souvent des paysages animés, où il agence des accessoires en un décor féerique pour le ballet de ses figures (l'Orage, musée de Besançon). Avec l'atmosphère ouatée de ses marines (Naufrages, musées de Besançon et de Montpellier, musée des Arts décoratifs à Lyon), les empâtements de ses ruines (musée d'Avignon) et ses animaux étranges (panneaux du musée des Arts décoratifs à Paris, 1765, provenant de Pologne), Pillement se situe à la charnière de la tradition classique du paysage clair et du courant déjà empreint de Réalisme (L. G. Moreau) ou davantage influencé par les Néerlandais (J. Vernet).