Luis Paret y Alcázar

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre espagnol (Madrid 1746  – id. 1799).

Né d'un père dauphinois et d'une mère espagnole, ayant appris les " rudiments du dessin " auprès du joaillier français Duclos, vivant à Madrid, il se forma auprès d'Antonio González Velázquez à l'Académie San Fernando. Grâce à la protection de l'Infant don Luis de Bourbon, il séjourna trois ans en Italie. Rentré à Madrid en 1766, il obtint plusieurs prix de l'Académie et étudia avec le peintre français Charles de La Traverse, disciple de Boucher. Bien que non documenté, un voyage à Paris est possible.

Sa carrière débuta sous les meilleurs auspices : des scènes de vie madrilène comme le Bal masqué (1766, Prado), influencé par l'Italie, ou le Magasin d'antiquités (1772, musée Lázaro Galdiano, Madrid), qui peut évoquer l'Enseigne de Gersaint de Watteau, révèlent la spontanéité de sa touche et la subtilité des tonalités, propres à donner une qualité d'atmosphère. Travaillant pour la Cour dès 1770 (le Repas de Charles III, Carrousel royal, 1770, Madrid, Prado), il se compromet pour l'infant don Luis et doit s'exiler à Puerto Rico (1775-1778) puis à Bilbao, où il se marie (1780). De cette époque datent le ravissant portrait de son épouse, Maria de las Nieves Micaela Fourdinies (Prado), habillée à la mode française et jouant de la serinette, et plusieurs peintures religieuses. Il envoie à l'Académie de Madrid son morceau de réception, la Prudence de Diogène (1780, Madrid, Acad. San Fernando). La mort de don Luis, qui le protégeait toujours, et la réalisation d'une série de vues des ports cantabriques dans l'esprit de Vernet, commandée par le prince des Asturies et officialisée par Charles III en 1786 (Vue de Fontarabie, musée de Caen ; Vue de l'Arsenal de Bilbao, 1784, Londres N.G.), lui permettent de regagner Madrid en 1787 après avoir décoré (toiles et fresque) la chapelle Saint-Jean-Baptiste de l'église paroissiale de Viana (Navarre). Vice-secrétaire de l'Académie, il reprend la chronique de la vie madrilène avec une œuvre d'envergure, le Serment de la Cour au prince des Asturies (1791, Prado), et de nombreuses petites scènes (le Rosaire, Palais royal).

Ceán Bermúdez, en déplorant sa mort relativement précoce, regrette " le peu de parti qu'on a tiré de son habileté ". Paret est, en effet, dans l'Espagne de son temps, exceptionnel par sa culture (outre le français et l'anglais, il sait le grec et a traduit Lucien) comme par la diversité de ses dons : peintre de mœurs, mais aussi paysagiste, peintre religieux, portraitiste à l'occasion, illustrateur de Cervantès et de Quevedo, il est le témoin sans pareil d'une vie madrilène élégante et populaire, aimable et détendue, une sorte de Saint-Aubin espagnol, beaucoup plus influencé par la France que Goya, mais qui garde une vivacité et un charme très personnels et lui donnent sa place dans la peinture européenne du xviiie siècle. Une rétrospective lui a été consacré au musée de Bilbao en 1991.