Juan Pantoja de la Cruz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre espagnol (Valladolid 1553  – Madrid 1608).

Il fut le disciple de Sánchez Coello et il est difficile de distinguer ses œuvres de jeunesse, traitées dans des tonalités sombres et froides, de celles de son maître. Peintre de cour de Philippe II et de Philippe III, il sut rendre l'expression de ses modèles : Isabel Clara Eugenia, 1599 (Munich, Pin), Philippe III (1592-1594, Vienne, K. M.), Anne d'Autriche (1602, Madrid, musée des Descalzas Reales). On lui attribue le saisissant Philippe II âgé conservé à la bibl. de l'Escorial. La plus grande partie de son œuvre fut peinte sous le règne de Philippe III. La richesse des vêtements, comme leur traitement minutieux, rappelle le style du Néerlandais Antonio Moro ; elle reflète aussi le luxe et la surcharge de la mode sous Philippe III après l'austérité du règne précédent. Mais Pantoja se montre comme portraitiste beaucoup plus libre, vivant et spontané dans certains portraits " non officiels " comme celui de Fray Hernando de Rojas (Madrid, coll. de la duchesse de Valencia). D'autre part, l'étude des sources lumineuses caractérise les tableaux religieux exécutés pendant les cinq dernières années de sa vie, qu'il passe à Valladolid, où réside la Cour : Naissance de la Vierge (1603, Prado), Nativité (1605, Prado). Le clair-obscur, les raccourcis trahissent l'influence directe du Ténébrisme italien dans la Résurrection (1605, hôpital de Valladolid) ; la différence de style entre le Saint Augustin du Prado (1601) et celui de la cathédrale de Tolède (1606) révèle une nette évolution vers un Réalisme ténébriste qui annonce la peinture du xviie s.