Zoran Antonio Music

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Gorizia, Udine, 1909-Venise 2005).

Après des études secondaires à Maribor, il entre à l'Académie des beaux-arts de cette ville et se familiarise avec l'art français contemporain ainsi qu'avec les œuvres de Kandinsky et de Mondrian. En 1935, il se rend à Madrid et se consacre à l'étude de Greco et de Goya. Installé l'année suivante à Cuzola, il reste en Dalmatie jusqu'en 1940 : l'art des icônes et les fresques des églises dalmates le marquent profondément. Après avoir visité l'Autriche et la Pologne, Music se fixe à Venise en 1942. Le quattrocento italien l'enchante autant que l'art byzantin de Ravenne. Déporté à Dachau en 1943, il vient à Paris en 1948 ; il s'y installe en 1953, partageant son temps entre cette ville et Venise. À Paris, il expose à la gal. de France en 1952, en 1954, en 1956, et participe au Salon des Réalités nouvelles en 1958, en 1959 et en 1961. Vers 1950, il s'intéressa à la tapisserie et s'exprima également par la gravure (il reçut le premier prix de gravure à la Biennale de Venise en 1956). Marqué par les paysages arides de son pays d'origine, son art, après avoir connu une phase " figurative " à ses débuts, où il accordait une large part au souvenir, s'est affirmé depuis dans un style non figuratif (Motifs dalmates, chevaux qui passent, 1948-1950 ; Nus, 1947-1950), très personnel à partir de 1956. Ses toiles évoquent, à travers quelques variations tonales de rouges, de bruns, de gris ou de bleus délavés, la végétation ou le sol d'un pays rêvé et perdu le long des côtes dalmates (Colline dalmate I, 1966). Le retour à la figuration, autant sans doute que l'évolution politique, lui a fait exploiter de nouveau ses souvenirs, et son expérience de déporté est à l'origine de la suite de toiles et de gravures exposées en 1970-1971, à la gal. de France, sous le titre dénué d'ambiguïté Nous ne sommes pas les derniers. Les moyens, aussi discrets que naguère, dans la tradition graphique d'Ensor et de Goya, rendent la mort plus insidieusement présente quand elle unit dans un anonymat pétrifié des corps exsangues. Les œuvres de 1972 évoquent des motifs végétaux, racines, branches discernées à travers une atmosphère voilée. En 1974, Music peint une série de paysages qui interrompt momentanément la suite toujours reprise des cadavres évoquant les exterminations de la dernière guerre. Il est représenté au M. N. A. M. de Paris (qui lui consacra en 1988 une exposition) et dans de nombreux musées : Amsterdam, Bâle, Essen, Le Havre, Belgrade, Venise, New York, Rome, Ljubljana. Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Paris, Grand Palais) en 1995.