Luis Morales

dit El Divino

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre espagnol (Badajoz v. 1515/20  – id. 1586).

Selon Palomino, il aurait fait son apprentissage à Séville dans l'atelier de P. de Campaña ; sa première œuvre datée, la Vierge à l'oiseau (1546, Madrid, coll. part.), témoigne en effet d'une connaissance des modèles italiens interprétés par la sensibilité et la technique flamande du maître bruxellois, établi à Séville au moins depuis 1537. Un voyage hypothétique en Italie expliquerait certaines affinités avec des artistes italiens de la génération antérieure : réminiscences des modèles léonardesques de Sodoma et des couleurs de Becaffumi. À partir de 1560, Morales dut jouir d'une grande renommée : il exécuta de nombreux travaux pour Juan de Ribera, évêque de Badajoz entre 1562-1568, tout en réalisant des retables pour les églises d'Arroyo de la Luz (1563-1567), S. Domingo d'Evora (1564), la chapelle de G. Martinez à Higuera La Real (1565) et S. Martín de Plasencia (1567). Selon la tradition, le peintre aurait été ensuite chargé de participer à la décoration de l'Escorial, mais son art déplut à Philippe II, qui lui accorda cependant, en 1581, une pension jusqu'à sa mort. Le répertoire des thèmes traités par Morales est peu étendu : Vierge à l'Enfant, Pietà, Passion du Christ. Il est le créateur d'un type de Madone à l'ovale accusé et aux paupières lourdes, dont le modelé suave est très italianisant : Madone de la pureté (Naples, S. Pietro Maggiore), Sainte Famille (collégiale de Roncevaux et cath. de Salamanque) ; la Vierge à l'Enfant (Londres, N.G. ; Prado ; New York, Hispanic Society). Le Christ portant sa Croix s'inspire très directement d'une composition de Sebastiano del Piombo (Offices, Barcelone et Madrid, coll. part.). Le caractère dramatique qui apparaît dans la Pietà de la cathédrale de Badajoz et dans les œuvres postérieures à 1560 est marqué par l'art flamand, connu par l'intermédiaire de la peinture portugaise ou de gravures : Pietà (Malaga, cath. Madrid, Acad. S.Fernando), Ecce Homo (New York, Hispanic Society ; Madrid, Acad. S. Fernando ; Séville, cath.). Ces visages triangulaires et osseux enveloppés d'une lumière forte, presque lunaire, incarnent un aspect profond de la dévotion religieuse dans les terres arides d'Estrémadure. L'existence de nombreuses répliques et copies, exécutées par des disciples ou des imitateurs, témoigne de sa popularité qui se prolonge tard dans le siècle.