Joos II de Momper ou Joost de Momper ou Jodocus de Momper

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre flamand (Anvers 1564  – id. 1635).

Il appartient à une famille de peintres dont le premier, Jan I, travaillait à Bruges au xvie s. Élève de son père, Bartholomaeus, Joos de Momper s'inscrivit à la gilde dès 1581 et en devint doyen en 1611. Après 1581, avant 1591, date à laquelle il prit des élèves, il fit sans doute le voyage en Italie, ce que reflète sa facture, libre et énergique, à la manière du disciple de Tintoret, Toeput (Pozzoserrato), qui semble confirmer cette tradition, ainsi que ses grandioses paysages alpestres. En 1594, il participa, avec C. Floris, aux décorations de l'Entrée de l'archiduc Ernest, et en 1595 composa des cartons de tapisserie pour Albert d'Autriche.

Il s'affranchit progressivement des conventions du paysage panoramique de la Renaissance, de Bruegel notamment, dont il subit d'abord l'emprise. Ses premières œuvres connues, inspirées de sites alpestres, telles que le Paysage montagneux (Bruxelles, M. R. B. A.), présentent les mêmes caractères : fuite oblique de l'espace entre des " coulisses " étagées en plans successifs pour suggérer la profondeur, division du coloris en 3 tons, fortes oppositions de couleurs au premier plan, tandis que les lointains se fondent dans une lumière bleutée.

Poursuivant ses recherches luministes, et modelant solidement les formes par de violents contrastes d'ombre et de lumière, visibles dans le Paysage avec cascade (Dresde, Gg) dont le monogramme I. D. M. est probablement le sien, il s'oriente vers une plus grande unité chromatique (la Sainte Messe dans une grotte, musée d'Aschaffenburg). À la fin de sa carrière, c'est une tonalité générale qui assure l'unité des plans. L'espace n'est plus creusé en diagonale, et les coulisses ont disparu. Les thèmes se transforment : les vastes plaines du Nord apparaissent ainsi que des paysages italiens. Ces derniers ont fait supposer un nouveau séjour dans la péninsule, d'autant plus que la facture elle-même s'est modifiée, consistant non plus en des touches nerveuses, mais en frottis proches de la dernière manière de Paul Bril. Momper aurait pu cependant voir, à Anvers même, des œuvres de ce peintre ou celles d'Elsheimer, qu'il semble avoir connues. Le Grand Paysage montagneux de 1623 (Neer-Heylissen, coll. comte A. d'Oultremont), les Quatre Saisons (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum) ou le Rocher (1634, université de Würzburg) reflètent ce dernier style. Situé entre Bruegel et Rubens, dont il annonce la conception dynamique et lyrique de l'espace, Joos de Momper laisse prévoir une vision " baroque " du paysage décoratif flamand. Il n'influencera pas seulement son fils Philips I ou son neveu Frans, mais aussi les deux David Téniers et T. Verhaecht, le maître de Rubens. Peintre fécond, il est représenté dans tous les grands musées du monde et notamment au Prado (5 Paysages ), à l'Ermitage, à Chicago (Art Inst.), à Munich (Alte Pin.), à Hambourg (Kunsthalle), à Kassel (2 Paysages ), à Dresde (Gg : 4 Paysages ), à Vienne (K. M.), à Copenhague (S. M. f. K. : 5 Paysages ), aux musées de Douai, de Nancy, de Nantes et de Valenciennes, au Rijksmuseum (4 Paysages ) et au Louvre (5 Paysages ). Il a également une grande importance par rapport à Bruegel de Velours, avec qui il collabora : ses tableaux datés permettent en effet une meilleure connaissance de la chronologie de ce dernier.

Frans (Anvers 1603 – id. 1660) , paysagiste, comme son oncle Joos II de Momper et comme son père et professeur, Jan II, obtint la maîtrise en 1629. En 1647, il est à Haarlem, en 1648-49 à Amsterdam. Après son retour à Anvers en 1650, il baigne dans une atmosphère monochrome empruntée à Van Goyen : les vastes étendues et les sites montagneux inspirés de son oncle, ou même des motifs hérités du xvie s., tels que la " Tour de Babel " (exemple à la Kunsthalle de Hambourg). Influencée aussi peut-être par Van de Velde, la peinture de Frans est souvent plus intimiste que celle de Joos de Momper : Pêche nocturne (musée de Leipzig), Paysage d'hiver, Vue du Campo Vaccino, Paysage d'hiver à Breda (Copenhague, S. M. f. K.).