Gabriel Metsu

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre hollandais (Leyde  1629  –Amsterdam  1667).

Il fut peut-être l'élève de Dou à Leyde et compte parmi les membres fondateurs de la gilde des peintres de cette ville en 1648 ; mais, dès 1644, son nom figurait sur un acte d'association de plusieurs peintres leydois. On le suit à Leyde jusqu'en 1654, on le retrouve établi à Amsterdam en 1657. Metsu fut un peintre aussi précoce et doué (sa première œuvre datée est de 1645) que fécond, et son œuvre présente une grande diversité de sujets et de styles, qui n'a peut-être que l'inconvénient d'être trop éclectique, ce qui rend difficile l'établissement d'une chronologie précise.

Caractéristiques de l'influence de Dou sont toutes ces figures de fumeurs, de savants, de chasseurs ou de servantes, isolées dans l'encadrement d'une niche et que Metsu reprendra avec bonheur tout au long de sa carrière (le Chimiste, Louvre ; le Chasseur, 1661, Mauritshuis). Mais à l'intérieur de ce cadre leydois et atténuant la froideur et la netteté de cette peinture fine se greffe, surtout dans les années 1650, l'influence du chaud coloris de Steen, de Knupfer et de Jan-Baptist Weenix : à ces deux derniers est redevable l'importante toile du Louvre, la Femme adultère (1653), qui constitue un bel et large essai de grande peinture à l'italienne. La série des Forges, aux heureux effets d'éclairage (Londres, N. G.), se situe dans la dépendance de Steen. C'est au cours de ces années que Metsu donne ses meilleurs tableaux : des scènes de genre précieuses et délicates, où tapis, tables, étoffes, objets sont prétexte à de merveilleux exercices de virtuosité picturale ; parfois, Metsu retrouve la facture grumeleuse d'un Vermeer. Les visages et les poses de ses personnages dénotent une fine psychologie. Un clair-obscur léger anime ces traditionnelles Collations, Parties de musique, Lectures de lettres, qui abondent dans la peinture de genre des contemporains de Vermeer. Parmi les meilleures réussites du peintre, citons le Repas (Rijksmuseum), l'Homme écrivant (musée de Montpellier), qui présente un remarquable effet de lumière dû à une chandelle, la Leçon de dessin (Londres, N. G.), fortement marquée par Ter Borch, la Riboteuse et la Peleuse de pommes (2 pendants du Louvre à dater v. 1655), admirables par le rendu du tapis rouge, l'Aumône (musée de Kassel), dont le paysage a la même douceur évocatrice que le fameux Marché aux herbes d'Amsterdam (Louvre). Metsu tend ensuite à perdre de cette simplicité et de cette délicatesse au profit d'une facture plus précise et plus dure, d'une plus grande complication décorative, dont la Visite (1661, Metropolitan Museum) est un témoin essentiel. C'est pourtant à cette époque qu'il faut situer, à titre de transition, les quelques remarquables tableaux si vermériens dans leur harmonie claire et la fermeté de leur construction, comme le célèbre Enfant malade d'Amsterdam, la Leçon de musique (Londres, N. G.) ou les fameuses toiles de la collection Beit à Blessington : la Lettre écrite et la Lettre reçue. Les mêmes qualités se rencontrent encore dans un groupe de tableaux fortement influencés par Ter Borch, comme les deux Dames, l'une écrivant, l'autre à son virginal (Paris, Petit Palais), l'étonnant Noli me tangere (1662, Vienne, K. M.) et la Joueuse de virginal (Rotterdam, musée Van der Vorm), comparable aux meilleures scènes d'intérieur de Pieter De Hooch, de Vrel et de Janssens. Mais la tendance à la surcharge et à la minutie l'emporte dans ces années 1660, notamment dans la Vendeuse et le Vendeur de volaille (1662, Dresde, Gg), tableaux de nouveau très leydois de style. Il est alors certes permis de parler d'une relative décadence de Metsu, que l'on peut mesurer dans le Couple en train de prendre une collation (1667, musée de Karlsruhe). Le talent de Metsu, dans ses natures mortes, explique assez bien la parfaite habileté d'un métier qui supplée au défaut d'invention ; on n'en connaît malheureusement que deux : le Coq mort (Prado) et la Nature morte au hareng (Louvre), dans laquelle l'artiste réalise parfaitement un idéal de calme poétique, toujours recherché par les Néerlandais. Cette nature morte, signée, est incontestable ; en revanche, l'attribution à Metsu des natures mortes des musées d'Oxford et de Leyde doit être déniée.