Adolf von Menzel

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (Breslau 1815  – Berlin  1905).

Si l'on excepte quelques voyages à Paris (1855, 1867, 1868), à Vérone (1880, 1881, 1882) et des voyages d'étude en Autriche et dans l'Allemagne du Sud, Menzel, à partir de 1830, a toujours résidé à Berlin, où il fréquenta quelque temps l'Académie et où, dès 1832, il dirigea l'entreprise lithographique créée par son père, Carl Erdmann. Pratiquement autodidacte, il dut à la gravure ses premiers succès : l'ouvrage de Franz Kugler Vie de Frédéric le Grand, pour lequel il exécuta, de 1840 à 1842, 200 illustrations, contribua beaucoup à sa renommée. Des recherches historiques très approfondies précédèrent l'exécution (qui l'occupa jusqu'à 1849) de ces gravures, ainsi que d'autres encore ayant trait à l'histoire de la Prusse. Entre 1849 et 1856, il peignit les scènes les plus célèbres de la vie de Frédéric le Grand, notamment la Table ronde de Frédéric II à Sans-Souci (1850, autref. à Berlin, auj. détruite), le Concert de flûtes de Frédéric II à Sans-Souci (1852, musées de Berlin) et Frédéric le Grand à Hochkirch (1856, autref. à Berlin, auj. détruit), puis divers épisodes de la vie de l'empereur Guillaume Ier. Il contribua au renouveau de la peinture d'histoire, traitant ses grandes scènes de manière moins emphatique que Werner. S'il y garde l'anecdote, il sait y insuffler un esprit nouveau par l'unité et la vivacité du traitement. Plus encore que dans ses tableaux historiques (le Salut de Guillaume Ier à l'Armée, 1871, musées de Berlin), on trouve dans ses paysages, ses intérieurs (Chambre au balcon, 1845, id.) et ses scènes de genre (Théâtre du Gymnase à Paris, 1856 id. ) l'expression de son talent réaliste dénué de toute sentimentalité, mais qui peut être pathétique : les Plâtres sur le mur de l'atelier (1872, Hambourg, Kunsthalle), le Souffleur de verre (1860-1865, Schweinfurt, coll. Schäfer) dépassent le réalisme pour atteindre à une sombre puissance. Menzel sait restituer fidèlement les visions instantanées et familières avec un rendu subtil des atmosphères lumineuses (Intérieur de synagogue, 1866, id.). Il se fait le chroniqueur des façades délabrées et des terrains vagues berlinois. Par ce sens tout objectif du réel, il est l'équivalent de ce que fut Leibl dans le sud de l'Allemagne et annonce Liebermann. Il est surtout représenté à Berlin où plusieurs milliers de ses dessins sont conservés, ainsi que dans les musées allemands (Düsseldorf, Hanovre, Mannheim, Cologne, Munich) et à Winterthur (coll. Oskar Reinhart). Une exposition a été consacrée à l'artiste (Paris, Washington, Berlin) en 1996-1997.