Maître du Retable de Třeboň

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre tchèque (actif à Prague v. 1380-1390).

Il appartenait au groupe d'artistes travaillant pour la Cour à Prague ; son chef-d'œuvre est le retable vraisemblablement destiné à l'église Saint-Gilles au couvent des Augustins de Třeboň (en allemand, Wittingau) et dont il ne subsiste que 3 panneaux : le Christ au mont des Oliviers, la Mise au tombeau, la Résurrection (v. 1380, Prague N. G.), tous trois ornés au revers de figures de saints et de saintes.

Préparé par des œuvres de la génération précédente (peintures du château de Karl-štejn, celles de Maître Théodoric, celles de la cathédrale Saint-Guy de Prague et celles du monastère d'Emmaüs), l'art du maître est imprégné de sensibilité augustinienne ; peut-être l'artiste a-t-il été en contact avec la peinture française des années 1360-1370 (Apocalypse d'Angers, petit diptyque du Bargello, à Florence, Parement de Narbonne), peut-être a-t-il subi des influences de l'Italie du Nord. Il est, en tout cas, la plus grande figure de la peinture gothique tchèque ; il conçoit l'espace construit en profondeur et il nuance les formes par le clair-obscur, qui apparaît ici pour la première fois. De nouvelles tendances au dynamisme, à l'intensité du sentiment apparaissent. Le maître est un des créateurs du " beau style ", variante du style international en Bohême et en Europe centrale, et il annonce le Gothique tardif dans ces mêmes régions.

Les avis de la critique divergent sur la chronologie de l'œuvre du maître. On admet que la Vierge de douleur (église de Církvice), l'Adoration de l'Enfant (château de Hluboká), la Crucifixion (église Sainte-Barbe, près de Hluboká), la Crucifixion (église Sainte-Barbe, près de Třeboň) précèdent les panneaux du Retable de Třeboň. La Madone de Roudnice (Prague, Galerie nationale) et la Vierge de l'Ara Coeli (Prague, id.) furent probablement peintes v. 1385. C'est dans l'entourage de l'artiste que furent exécutés la Vierge entre saint Barthélemy et sainte Marguerite (château de Hluboká) et le Crucifiement de Vyšší Brod (fin du xive s., musée de Prague) ; son influence se reflète dans le Retable de Pähl (fin du xive s., Munich, Bayerisches Nationalmuseum) et le Retable de Grüzdziadze (v. 1400, musée de Varsovie) ; elle se fera également sentir dans les régions voisines de la Bohême (Nuremberg, Bavière, Silésie).