Maître de San Francesco

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (actif en Ombrie dans la seconde moitié du xiiie s. ).

Ses œuvres principales se trouvent à Pérouse et à Assise, et l'une de ces villes pourrait être son lieu d'origine. Son unique œuvre datée est une grande Croix peinte (Pérouse, G. N.) qui porte la date de 1272. L'ensemble des œuvres qui constituent le corpus du peintre a probablement été exécuté entre 1270 et 1280 : le Saint François (Assise, Santa Maria degli Angeli), qui a donné son nom au maître ; une autre Croix (Pérouse, G. N.), œuvre de collaboration ; un devant d'autel, dont il ne subsiste que quelques panneaux (Saint Antoine, Déposition et Ensevelissement, id.) ; Isaïe (Assise, trésor de Saint-François) ; un autre devant d'autel, lui aussi incomplet et démembré (Saint Matthieu et Saint Jean l'Évangéliste, Washington, N. G. ; Saint Pierre, Bruxelles, anc. coll. Stoclet ; Saint Simon et Saint Barthélemy, Metropolitan Museum, coll. Lehman).

Les fresques avec les Scènes de la Passion et les Scènes de la vie de saint François, qui ornent la nef de la basilique inférieure, sont sans doute antérieures de quelques années. D'autres Crucifix (Florence, Fond. Acton ; Paris, Louvre ; Londres, N. G.) complètent l'œuvre du Maître. Face aux formules figées du répertoire byzantin tardif, qui sont utilisées également en Ombrie, le peintre démontre son autonomie. Le maître de San Francesco anime ses personnages en forçant et en bouleversant leurs lignes compassées, en suscitant chez eux une expression poignante. Dans le Crucifix de 1272, le flanc droit du Christ s'incurve de telle façon qu'il frôle les bords du grand panneau, les lignes créant alors des rythmes serpentins ; le Saint François, représenté non sans humour, a une petite tête d'Oriental et de faibles épaules sur un corps démesurément allongé.

Par ce recours à l'insolite, au grotesque et à l'ironie, dans le but d'obtenir une vigoureuse " typologie sentimentale " (Longhi), l'artiste pouvait profiter de l'exemple de Giunta Pisano, dont l'activité à Assise est documentée en 1236. Il est à observer, néanmoins, que le style de cet artiste anonyme dérive plus directement de la Croix bolonaise de Giunta, peinte v. 1250, que de celle d'Assise (Santa Maria degli Angeli, musée). Dans le dernier tiers du xiiie s., l'influence de Giunta, par l'intermédiaire du Maître de San Francesco, se répercute chez quelques-uns des meilleurs peintres de la région d'Assise et de Pérouse (artistiquement distincte de l'Ombrie méridionale, dont le centre était alors Spolète). Le Maître de Santa Chiara et le Maître de la Croix de Gualdo, personnalités qui désignent sans doute le même artiste, accentuèrent davantage la tendance " expressionniste " que le Maître de San Francesco avait amorcée en Ombrie.