Maître de Mondsee

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre autrichien (actif à Salzbourg [?] de 1480 à 1510 env.).

Il est ainsi désigné d'après un retable commandé v. 1487 par l'abbé de Mondsee (Haute-Autriche), Benedikt Eck von Piburg (en fonctions de 1463 à 1499). On a proposé d'identifier ce maître avec Heinrich Freudenfuss, inscrit en 1498 à la guilde des peintres de Salzbourg. Il est vraisemblable qu'il ait fait son apprentissage dans l'atelier du Maître du monastère des Écossais de Vienne, ou chez le Maître viennois du Triptyque de la Crucifixion de Saint-Florian.

Les panneaux qu'on lui attribue, et qui représentent Saint Ambroise et Saint Jérôme (autref. dans le commerce d'art colonais), révèlent nettement les origines stylistiques viennoises du Maître de Mondsee. Par la commande du retable de Mondsee, celui-ci fut entraîné dans le cercle d'influences de Michael Pacher, qui avait également exécuté pour l'abbé Eck le Retable de saint Wolfgang. Du retable de Mondsee nous sont parvenus les panneaux latéraux représentant, sur leur face intérieure, la Vierge aux épis avec un donateur et la Fuite en Égypte et, sur leur face extérieure, les Pères de l'Église Saint Ambroise et Saint Jérôme (Vienne, Osterr. Gal.). Dans la Fuite en Égypte, le maître semble s'être souvenu d'une peinture de même thème appartenant à un volet de prédelle du Retable de saint Wolfgang de Michael Pacher, en même temps que d'une gravure de Schongauer ; sa réalisation est cependant d'un sentiment entièrement différent. Avec un dessin délicat, une sobre plasticité et des couleurs tendres, cet artiste profondément lyrique décrit l'événement comme s'il s'agissait d'un conte et transpose le sujet jusque dans l'irréel. L'appartenance de ces peintures au retable de Mondsee a été contestée par J. Wilde, qui y voit plutôt les volets mobiles de la prédelle d'un retable auquel appartiendraient 3 autres panneaux, sensiblement plus grands : une Circoncision (Vienne, Österr. Gal.), une Présentation (autref. dans le commerce d'art parisien) et l'Enfant Jésus au Temple (Vaduz, coll. Liechtenstein). O. Benesch, par contre, pense que ces 3 dernières œuvres ont fait partie d'un autre retable. La composition de la Circoncision est également empruntée au Retable de saint Wolfgang ; mais, là encore, la solennité de la cérémonie est enveloppée de mystère, de lumières et d'ombres furtives, comme si l'artiste racontait un rêve.