Maître de Boucicaut

dit aussi Maître des Heures du maréchal de Boucicaut

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Enlumineur franco-flamand (actif à Paris au début du xve s. ).

Il doit son nom aux Heures peintes, v. 1405-1410, pour Jean II Le Meingre, maréchal de Boucicaut (Paris, musée Jacquemart-André) : autour de ce chef-d'œuvre de l'enluminure parisienne se groupent un grand nombre de manuscrits, autographes ou exécutés en collaboration avec d'autres artistes, comme le Maître de Bedford, et qui semblent pour la plupart avoir été enluminés à Paris dans les vingt premières années du siècle (Trésor des histoires, Paris, bibl. de l'Arsenal ; Livre des merveilles, Tite-Live, Heures, Paris, B. N. ; Dialogues de Pierre Salmon, bibl. de Genève ; Heures, bibl. Mazarine, British Library, Bibl. royale de Bruxelles, W. A. G. de Baltimore). L'élégance traditionnelle de la miniature parisienne y est ravivée par une subtilité décorative tout aristocratique, par une gamme de couleurs originales où dominent le vert clair et le vermillon, par une touche variée en petites hachures. L'ensemble révèle une personnalité dont l'influence a été décisive à l'aurore du xve s. Plus encore que son prédécesseur Jacquemart de Hesdin, influencé comme lui par l'Italie, le Maître de Boucicaut est un novateur dans la représentation de l'espace. D'une part, il porte un soin particulier à la construction des édifices, même si leur perspective demeure primitive ; les architectures sont d'une structure plus complexe, vues en perspective oblique par une arcature ouverte au premier plan. D'autre part, en découvrant le rôle de la lumière, il apporte deux révélations nouvelles, la perspective aérienne et le clair-obscur intérieur : dans les paysages, les objets s'estompent en s'éloignant et le ciel dégradé dispense une lumière de plein air ; dans les pièces fermées, aux tons plus sombres, l'intimité est créée par la clarté d'une fenêtre ouverte. Par cette vision nouvelle de l'espace et cette sensibilité à l'atmosphère, par les procédés inventés pour les exprimer, il ouvre la voie au réalisme nordique, qui triomphera avec le Maître de Flémalle et les Van Eyck. Le Maître de Boucicaut est peut-être à identifier avec le Brugeois Jacques Coene (connu de 1398 à 1404), qui fit carrière à Paris et travailla en 1399 au dôme de Milan.