Roberto Matta

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre chilien (Santiago 1911-Civitavecchia 2002).

Après des études d'architecture, il gagne l'Europe en 1930, rencontre Magritte en 1934 et travaille dans l'atelier de Le Corbusier. Lié à l'Anglais Gordon Onslow-Ford, il se met à peindre vers 1937, encouragé par Dalí, Picasso et André Breton. Dans ses Morphologies psychologiques (1938, New York, coll. part.), son style est déjà constitué qui se compose de grandes taches lyriques à interpréter figurativement. Pendant la guerre, en Amérique, il participe à l'activité des surréalistes européens en exil : revues View (1941) et VVV (1942 et 1944), exposition First Papers of Surrealism. Les œuvres de cette époque, comme la Pomme du savoir (1943), Pour échapper à l'absolu ou Science, conscience et patience du vitreur (1944) et les Aveugles (1947), creusent un espace virtuellement sans limite. Exclu du groupe surréaliste en 1948, il revient en Europe. Il exécute une vaste peinture murale pour les bâtiments de l'Unesco à Paris (1956). Ses œuvres critiquent alors souvent la société moderne : Les roses sont belles (1952) fait allusion au procès des Rosenberg, la Question (1957) répond à la torture pendant la guerre d'Algérie, Burn, baby burn (1965-1967) stigmatise la guerre du Viêt-Nam. Il se rend en 1963 à Cuba (où il créera en 1982 le musée de l'Art de l'homme latino-africain) et peint en 1971 dans les rues de Santiago du Chili. Très à l'aise dans les très grands formats, ses toiles mesurent souvent 10 m de long et parfois davantage. Il a réalisé des environnements en couvrant de ses toiles murs et plafond en 1968 au M. A. M. de la Ville de Paris par exemple, où il montra la totalité de son cycle de 21 peintures, l'Espace de l'espèce, commencé en 1959. Il travaille également le pastel aux formes de contours plus nets et plus solidement ancrées dans l'espace du tableau et en dessins inspirés d'œuvres littéraires (la Tempête de Shakespeare, Don Quichotte). Une exposition rétrospective de son œuvre a eu lieu en 1985 au M. N. A. M. de Paris, où il est notamment représenté par de grandes compositions.