Ludwik Markus, dit Louis Marcoussis

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français d'origine polonaise (Varsovie 1878  – Cusset, Allier, 1941).

Élève de l'École des beaux-arts de Cracovie en 1901, il arrive à Paris en 1903. Jusqu'en 1907, son œuvre sera essentiellement marquée par l'Impressionnisme, l'intimisme nabi et le Fauvisme. Dessinateur virtuose, Marcoussis s'arrête de peindre à cette date et se consacre à la caricature journalistique (dans la Vie parisienne, le Journal, l'Assiette au beurre). En 1910, il fait la connaissance d'Apollinaire et de Braque, qui le présentent à Picasso. Il se remet alors à la peinture sous leur influence et, sur les instances d'Apollinaire, change son nom contre celui de la localité de Marcoussis en Île-de-France. Dès ses débuts dans le Cubisme (le Sacré-Cœur, 1910), il affirme sa personnalité par son attachement à la matérialité illusionniste du motif et une sensibilité chromatique éminemment soucieuse de traduire la lumière, ce qui caractérise son œuvre. Il participe, en 1912, à l'exposition de la Section d'or, et l'année suivante au premier Salon d'automne allemand à Berlin, galerie der Sturm. Engagé volontaire, en 1914, l'artiste inaugure au retour de la guerre un nouveau support, le " fixé sous verre ". De 1919 à 1928, il peint une centaine de fixés, dont les meilleurs évoqueront ces mystérieuses correspondances mélodiques entre les rimes poétiques des formes simplifiées, des matières aux résonances tactiles et de la lumière.

En 1927, il rapporte de Kérity, en Bretagne, huit paysages, où le plan du tableau est refusé au profit de la perspective géométrique traditionnelle ; la cadence immobile des horizontales et des verticales confère à ces œuvres une étrange qualité onirique de silence et d'indéfinissable angoisse ; cette dernière émane de la lumière précise de cet univers, où règne une inquiétante absence de l'homme, semblable à celle des paysages métaphysiques de De Chirico. Marcoussis, qui avait commencé à graver en 1912 (la Belle Martiniquaise, pointe-sèche), se consacra surtout à la gravure de 1930 à 1940 (Gérard de Nerval, Aurélia, 1930, 10 eaux-fortes ; Apollinaire, Alcools, 1934, 35 eaux-fortes ; Planches de salut, 1931, 10 eaux-fortes et burins composés en hommage à ses poètes préférés ; une centaine de portraits, de style linéaire, surtout d'écrivains, de poètes et d'artistes ; Gertrude Stein, v. 1934 ; Miró, par Marcoussis et Miró, 1938). Ses toiles les plus libérées de toute sujétion figurative et participant d'une abstraction géométrisée dénuée de sécheresse se situent en 1937. Son dernier recueil de gravures, les Devins (16 pointes-sèches), avec un texte de G. Bachelard, parut en 1946.

Marcoussis a imprégné son œuvre des fermes structures géométriques du Cubisme, mais il ne s'est jamais départi d'une extrême sensibilité aux rythmes mélodiques de la nature et de la lumière. Il allie régulièrement à l'expression d'un tempérament inquiet et superstitieux, attentif à tous les signes occultes, la séduction d'un dessin allègre, d'une couleur subtilement modulée et d'une pâte recherchée, en évitant la préciosité décorative. La B. N. de Paris a présenté son œuvre gravé en 1972. Le M. N. A. M. conserve 7 tableaux et des dessins de l'artiste.