Lubertus Jacobus Swaanswijk, dit Lucebert

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre néerlandais (Amsterdam  1924).

Fils d'un peintre en bâtiment, il obtint en 1938 une bourse pour l'École des arts industriels d'Amsterdam. En 1948, il expose des dessins avec M. Martineau à Amsterdam. Durant la même époque et sous l'influence des poètes allemands Hölderlin, Morgenstern et Rilke, ainsi que des poèmes de Arp, Lucebert écrit ses premiers poèmes expérimentaux et se joint, à la fin de 1948, avec les poètes Kouwenaar, Elburg et Schierbeek, au Groupe expérimental néerlandais ; en 1949, il collabore, comme poète essentiellement, aux magazines Reflex et Cobra et participe à l'exposition internationale de Cobra au Stedelijk Museum d'Amsterdam avec des " poèmes-peintures ".

L'improvisation, la spontanéité et la naïveté caractérisent toute son œuvre ; Klee, Miró, les dessins d'enfants et les arts populaires nordiques restent à la base de son inspiration. Lucebert exploite le hasard (taches, éclaboussures) et répugne à tout système : Gangster (1958, Amsterdam, coll. Groenendijk), Danse espagnole (1961, Amsterdam, coll. Stuyvesant). Installé à Bergen depuis 1953, il exposa seul, pour la première fois, en 1958 à Haarlem (gal. Espace), puis en 1959 au Stedelijk Museum d'Amsterdam. Dans les années 1960, la peinture occupe une place de plus en plus importante dans l'œuvre de Lucebert, qui fait un usage alterné de couleurs vives et sombres, créant des figures déformées. À partir de 1963, l'artiste fait de nombreux voyages en Espagne où, en 1972, il acquiert une maison à Javéa, Alicante, dans laquelle il réside depuis, en alternance avec Bergen. Tout en développant dans ses peintures une vision pessimiste, anxieuse, de l'homme et de la société, — ainsi dans des tableaux avec des personnages à têtes grotesques ou caricaturales, travaillés avec une matière lourde (le Rêve d'Apollinaire, 1972, Amsterdam, Stedelijk Museum), Lucebert ne cesse de produire une œuvre graphique très importante, alliant un travail parfois presque chaotique à une verve imaginative et poétique.

Continuant, dans ses peintures récentes, à présenter des personnages pris dans la déformation de l'espace pictural (La Danse avec les démons, 1983), Lucebert réalise en 1983 une grande peinture monumentale pour le musée de littérature néerlandaise de La Haye.

En 1961, le Stedelijk Museum d'Amsterdam lui a consacré une grande rétrospective, et, en 1987, il a publié le catalogue de l'importante collection d'œuvres de l'artiste en sa possession. Il est représenté à Amsterdam (Stedelijk Museum : In Egypt, 1962), à Rotterdam (B. V. B.), et dans la coll. Groenendijk à Amsterdam.