Lucien Lévy-Dhurmer

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Alger 1865  – Le Vésinet, Yvelines, 1953).

De 1887 à 1895, il travailla à la manufacture de céramique de Clément Massier à Golfe-Juan. Pratiquant parallèlement la peinture, le dessin et le pastel, il dut connaître l'Italie en 1895. Son exposition à la gal. Georges Petit (Paris) en 1896 révéla d'abord un symbolisme préraphaélite et baudelairien avec des figures féminines allégoriques, élégantes et d'une sensualité tout intellectuelle, très inspirées de Puvis de Chavannes ou de l'art florentin et allemand des xve-xvie s. (la Femme à la médaille, 1896, Paris, musée d'Orsay ; l'Automne, 1898, musée de Saint-Étienne). Grand voyageur, en Italie, en Espagne, au Maroc, en Bretagne, Lévy-Dhurmer traversa une période réaliste, où ses œuvres exprimèrent simplement la coloration chaude de la nature ou la personnalité curieuse de ses modèles (les Aveugles de Tanger, 1901, Paris, musée d'Orsay ; Mère bretonne, 1906, musée de Brest). Il s'efforça ensuite de faire la synthèse entre la vérité des choses et le regard intuitif de l'artiste, mais il resta avant tout un maître du Symbolisme ésotérique : il évoquait de préférence des apparitions évanescentes, des visages lointains aux mystérieuses pâleurs (le Silence, 1895) et, après 1920, des nus matérialisés dans un nuage de couleur (Nu bleu, Paris, Petit Palais). Il réalisa des portraits exquis, dont les plus célèbres furent ceux de Miss Nathalie Clifford-Barney et de Pierre Loti (1896, Bayonne, Musée basque), aux lointains crépusculaires. Dans le portrait de Georges Rodenbach (1896, Paris, musée d'Orsay), il exprima toute la quintessence de l'âme maladive du poète en une symphonie raffinée de tons d'une douce mélancolie. Lévy-Dhurmer devait, plus tard, illustrer l'œuvre principale de ce dandy nostalgique, Bruges la morte (1928), où s'exhale la langueur silencieuse et désuète des béguinages clos et des brumes sur les eaux nordiques. Il exécuta aussi les couvertures des Fjords de Renée Vivien (1902). Sa technique consistait le plus souvent en une adaptation vermiculée et un peu floue du Divisionnisme de Seurat. L'importante donation Zagorowsky, exposée en mars-avril 1973 au Grand Palais (Paris), a été partagée entre les musées de Paris (musée d'Orsay et Petit Palais), de Beauvais, de Brest, de Gray, de Pontoise, de Saint-Étienne et de Sète.