Jeff Koons

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Artiste américain (York, Pennsylvanie, 1955).

À travers l'héritage du ready-made, le travail de Jeff Koons traite des hauts et des bas de l'existence dans un monde de signes et d'objets considérés comme indicateurs du statut social. De 1981 à 1987, Koons développe la notion d'" états inaccessibles " en encastrant des séchoirs à tapis, des aspirateurs et des shampouineuses dans des blocs de Plexiglas, le tout éclairé par-dessous avec une lumière blanche et sinistre (4 Shampouineuses, nouveau Shelton lavant/séchant, 10 gallons, Plexiglas, néons, 1981-1987). La série des Equilibrium (1985), composée d'aquariums remplis d'eau et de ballons de basket (ou de football) totalement ou partiellement immergés, de moulages en bronze d'objets de survie (tuba, scaphandre, canot de sauvetage) et d'affiches publicitaires encadrées, évoque elle aussi des états inaccessibles : les publicités prônent la mobilité sociale, et les ballons en suspension, comme les objets de bronze, ont perdu leur utilité. Dans " Luxury and Degradation " (1986), Koons s'est penché sur l'équipement de bar (Bar de voyage, 1986) et les produits d'ostentation, coulés soigneusement dans le " luxe bon marché " de l'acier inoxydable. Les œuvres récentes de Koons se concentrent sur une imagerie disloquée de banalité, poussant les objets du désir dans l'univers kitsch. Ainsi, ces sculptures en porcelaine et en bois polychrome, de grandeur nature, décrites par leurs titres (Michael Jackson et bulles, Woman in Tube), comportent des images issues de la culture de masse et démocratisent les matériaux en vulgarisant le sujet. En 1990, dans le contexte de l'Amérique puritaine, Koons, se jouant de l'objet consommable, produit un film où il se met en scène en compagnie de la Cicciolina dans des tableaux vivants d'une pornographie burlesque et racoleuse (Made in Heaven). À partir de ce film, il produit un ensemble d'œuvres (photographies de grand format et sculptures polychromes) qu'il présente à l'Aperto 90 de la Biennale de Venise. Cultivant la provocation médiatique, Jeff Koons, à l'instar de l'œuvre de Warhol, exploite le désir de célébrité, de santé, de sexe et d'autosatisfaction avec une innocence facétieuse et féroce. Une rétrospective lui a été consacrée (Amsterdam, Stedelijk Museum) en 1992.