Johann Koerbecke

Johann Koerbecke, l'Assomption de la Vierge
Johann Koerbecke, l'Assomption de la Vierge

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (Münster v. 1410 – id. 1491).

Il fut le plus éminent des peintres westphaliens du milieu du xve s. Les documents attestant son existence proviennent pour la plupart de la ville de Münster et s'échelonnent de 1453 à 1491. Dans sa jeunesse, l'artiste travailla sans doute avec le Maître du retable de Schöppingen. On retrouve également dans son œuvre mainte affinité avec les peintres de Westphalie de la première moitié du siècle, tel Conrad de Soest, qu'il ne connut cependant pas. Mais l'art de Koerbecke est aussi tributaire de la peinture flamande contemporaine et de Stephan Lochner.

Le Retable de Langenhorst (Münster, Landesmuseum), qui date de 1440-1450, est caractéristique de ses débuts. Chacun des 2 volets s'orne de 4 Scènes de la Passion, compositions presque exclusivement à deux dimensions, d'une ordonnance maladroite et d'une perspective hésitante. L'artiste demeure fidèle au " style doux ", et seuls quelques rares détails annoncent le réalisme des travaux futurs.

Le retable à volets de l'abbaye cistercienne de Marienfeld est l'œuvre majeure de Koerbecke. Un document atteste qu'il fut achevé en 1457. Sa partie centrale formait une châsse, qu'il est impossible de reconstituer ; les volets étaient, selon la tradition, décorés, à l'intérieur et à l'extérieur, de 8 scènes. De ces 16 panneaux disséminés lors de la sécularisation du couvent, tous, sauf un, ont été retrouvés ; 5 d'entre eux sont au Landesmuseum de Münster, 2 autres à Berlin ; le musée Pouchkine de Moscou, le musée Calvet d'Avignon, le musée Czartoryski de Cracovie, l'Art Inst. de Chicago, le musée de Nuremberg, la N. G. de Washington, le musée Thyssen-Bornemisza de Madrid en possèdent chacun un ; le quinzième appartient à une coll. part. allemande. Le retable, fermé, présente le cycle de la Passion, de l'Arrestation du Christ à la Résurrection ; ouvert, il illustre l'histoire de la Vierge, de la Présentation au Temple à l'Assomption. Par le style et la composition, les Scènes de la Passion, qui durent être exécutées en premier, sont encore très proches de celles du Retable de Langenhorst, bien que plus développées. La représentation de la vie de la Vierge s'inspire d'éléments particuliers à Stephan Lochner (Présentation au Temple, musée de Darmstadt), à Maître Francke et aux dernières œuvres de Conrad de Soest. En outre, des inflexions flamandes, qui s'accentueront dans les œuvres suivantes, apparaissent déjà.

Par ses personnages au relief accusé et son souci de rendre tangible la réalité, Koerbecke est le premier peintre de Westphalie qui ait aspiré à un réalisme nouveau, tout comme Witz ou Pseudo-Multscher dans la région du lac de Constance. Il est tout imprégné encore de l'esprit médiéval et enclin à négliger des détails qui lui paraissent sans importance par rapport à l'ensemble. C'est précisément ce langage expressif, à la fois réaliste et respectueux de la vérité intérieure, qui le distingue des autres peintres westphaliens.

De ses dernières œuvres nous ne possédons que quelques rares témoignages, 3 panneaux représentant le Baptême du Christ (Münster, Landesmuseum), le Christ et saint Jean (Grande-Bretagne, coll. part.) et la Décapitation de saint Jean (La Haye, Museum Meermanno-Westreenianum) semblent avoir appartenu à un retable de saint Jean datant probablement des environs de 1470. L'influence de la peinture contemporaine de Cologne, du Maître de la Vie de la Vierge notamment, y est nettement sensible. De même que ceux du retable de Marienfeld, ces panneaux sont caractérisés par d'éclatantes couleurs, un réalisme particulièrement subtil dans les détails et l'atmosphère du paysage.

Johann Koerbecke, l'Assomption de la Vierge
Johann Koerbecke, l'Assomption de la Vierge