Louis Janmot

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Lyon 1814  – id. 1892).

Depuis sa redécouverte en 1950, à l'occasion de l'exposition de son cycle du Poème de l'âme (Lyon, M. B. A.), Janmot continue à résister à l'analyse et au classement. Il reçut une double formation, philosophique et mystique, au Collège royal de sa ville, artistique, à l'École des beaux-arts de Lyon puis dans l'atelier d'Ingres à partir de 1836. Sa vie fut une suite de déconvenues. Il dut se contenter de commandes décoratives pour des édifices lyonnais. Toutes ses tentatives pour faire carrière à Paris échouèrent : son Poème de l'âme n'obtint pas l'accueil escompté à l'Exposition universelle de 1855 ; il travailla dans l'isolement, se coupant de toute clientèle jusqu'à sa mort, laissant une œuvre déconcertante. En effet, Janmot conjura ses doutes par le recours à de multiples références (son faux air de préraphaélite s'explique, selon la formule de René Jullian, par un " parallélisme d'époque, d'atmosphère et d'orientation ") et par la fréquentation des catholiques libéraux et des mystiques lyonnais. Cet instable ne parvint jamais à une synthèse : aux œuvres équilibrées comme sa Fleur des champs (1833, Lyon, M. B. A.) succéda une peinture cyclique, vouée aux fluctuations et à l'inachèvement. Le Poème de l'âme, projeté dès 1835, commencé en 1847, devait compter trente-quatre tableaux ; soutenu par de nombreux dessins, il s'arrêta à dix-huit toiles, tandis que les autres demeuraient à l'état de cartons (Lyon, M. B. A.). De pictural, il devint littéraire, avec la publication en 1881 d'un poème explicatif de quatre mille vers, ultime tentative pour conjurer l'incompréhension. Peut-être faut-il méditer les remarques de Baudelaire, qui trouva dans la peinture de Janmot " un charme infini et difficile à décrire, quelque chose des douceurs de la solitude, de la sacristie, de l'église et du cloître ; une mysticité inconsciente et enfantine ".