Jacobello del Fiore

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Venise v. 1380  – id. 1436).

L'une des personnalités les plus marquantes du Gothique tardif à Venise, il partagea entre cette ville et les Marches une vaste activité qui est bien documentée. Une partie seulement de sa riche production est conservée. Un petit panneau avec la Vierge à l'Enfant et deux saints, signé, autrefois dans la coll. Lederer (Vienne), un polyptyque avec le Couronnement de la Vierge, également signé, dans l'église S. Agostino à Teramo (Abruzzes), que l'on peut dater des débuts du xve s., représentent sa première manière : grâce à ces œuvres, on peut lui attribuer le Polyptyque, peut-être antérieur, de S. Michelina (auj. au Museo Civico de Pesaro). Ces peintures de jeunesse sont encore conformes à la tradition du trecento vénitien de tendance byzantinisante (dans la ligne culturelle de Paolo Veneziano, de Guariento et de Semitecolo). Vient ensuite une phase moins conformiste et plus ouverte à la poétique du Gothique international, influencée de façon déterminante par la leçon de Gentile da Fabriano, qui travaille à Venise en 1408. On peut situer après cette date le Triptyque de Stockholm (Nm), animé d'un esprit narratif " courtois " particulièrement sensible dans la partie centrale du triptyque, qui représente l'Adoration des mages, de même que dans la Sibylle de Tybur montrant la Vierge à Auguste du musée de Stuttgart. Jacobello atteint son plus haut sommet poétique avec les petites Scènes de la vie de sainte Lucie de la pin. de Fermo : l'élégance mondaine, la fraîcheur des observations naturalistes, la préciosité de la couleur et la verve de la narration, suscitées par l'exemple de Gentile da Fabriano, font de ces 8 petits tableaux d'authentiques chefs-d'œuvre du Gothique international vénitien. Avec le triptyque de 1421 de l'Accademia de Venise, qui montre la Justice entre Saint Michel et Gabriel, les qualités stylistiques de Jacobello semblent décroître, au profit d'une graphie " baroquisante " riche en arabesques. Cependant, avec la Madone de la Miséricorde entre saint Jean-Baptiste et saint Jean l'Évangéliste, également à l'Accademia de Venise (1416 ?), Jacobello retrouve un meilleur équilibre formel, une réelle gravité gothique. Parmi les autres œuvres de Jacobello, on peut citer encore tout un répertoire de Madones, dont celle du musée Correr de Venise, tellement séduisante. Le Couronnement de la Vierge peint en 1432 pour l'évêque de Ceneda (auj. Venise, Accademia), reprise assez libre du Paradis de Guariento, au Palais ducal, conclut la carrière du peintre.