Jorge Inglés

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre espagnol (actif en Castille dans la seconde moitié du xve s. ).

Premier représentant en Castille du nouveau réalisme flamand, il est cité dans le testament du marquis de Santillana (1455) qui stipule que le peintre exécutait alors un Retable des anges pour la chapelle de l'hôpital de Buitrago. Cette œuvre (Madrid, coll. duc de l'Infantado) donne une place essentielle aux portraits des commanditaires D. Inigo López de Mendoza, premier marquis de Santilana, et de sa femme, placés de part et d'autre d'une Vierge sculptée. Ces figures agenouillées rappellent celles de Nicolas Rolin et Guigone de Salins, les donateurs du Polyptyque de Beaune par Van der Weyden (destiné également à l'autel d'un hôpital). Par analogie stylistique sont également attribués à Jorge Inglés le Retable de saint Jérôme (Valladolid, musée national de Sculpture) provenant du monastère de la Mejorada à Olmedo, avec des scènes solidement construites dans des intérieurs, le Retable de la Vierge (église de Villasandino), un Christ au tombeau entre la Vierge et saint Jean (New York, commerce d'art) et une Danse de Salomé (Vienne, anc. coll. Strauss).

Si l'on ignore tout de l'origine et de la formation de cet artiste (son surnom d'Inglés peut indiquer le pays de sa famille), ses peintures dénotent une technique flamande et nettement déterminée par l'art de Robert Campin. De la leçon du grand novateur de l'école de Tournai lui viennent le relief accusé des formes, la lumière crue qui détache les figures, les plis durement cassés, le goût pour les accessoires et les natures mortes disposées dans les niches, enfin, la perspective d'un paysage vu à travers une fenêtre. Puis, au cours de son évolution, on remarque une certaine hispanisation des modèles flamands, qui se caractérise par une accentuation du réalisme tragique des figures et une accumulation d'ornements qui tendent à remplir le vide des compositions.

Son influence s'exerça sur de nombreux peintres castillans de la seconde moitié du xve s., en particulier sur le Maître de Sopetrán et le Maître de Luna.