Michel-Ange Houasse

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Paris 1680  – Arpajon 1730).

Fils et élève de René Antoine Houasse, c'est un artiste original, dont la personnalité, attachante et longtemps méconnue, attire de plus en plus l'attention des historiens. Reçu à l'Académie en 1707 (Hercule et Lychas, musée de Tours), il se rendit à Madrid en avril 1715, à la demande du contrôleur des Finances Orry et au lendemain du second mariage de Philippe V avec Isabelle Farnèse. Il demeura au service de ce roi, comme Pintor de cámara, jusqu'aux derniers temps de sa vie. De santé fragile, il avait obtenu en 1727 un congé pour se rétablir en France ; il en revint sans résultat durable et repartit définitivement pour mourir aux portes de Paris.

Son œuvre, presque entièrement demeurée en Espagne, frappe par sa variété. Il a peint des tableaux mythologiques agréables, compositions poussinesques exécutées dans le goût de la Régence (Bacchanale, 1719 ; Sacrifice à Bacchus, 1720, Prado). Mais le trait original de son art est une sensibilité ouverte aux influences hispaniques : non seulement son Portrait du jeune prince des Asturies (futur Louis Ier, 1717, id.) révèle un excellent portraitiste, mais la subtilité de sa gamme de gris s'apparente au style de Velázquez. De même, la série de vues des " résidences royales " (en majorité conservées aux palais de Madrid, à La Granja, au Riofrío ; seule la Vue de l'Escorial est au Prado) surprend par sa lumière castillane, diaphane et légère, par une sobriété, un sens très moderne de l'atmosphère, qui fait songer aux paysages velazquéziens plus qu'au style Louis XV et annonce certains Corot.

D'autre part, plusieurs œuvres religieuses ou profanes de Houasse trouvent un écho imprévu chez Goya. Si la Sainte Famille de 1726 (Prado) reste académique, la Vie de saint François Régis (6 tableaux commandés pour le noviciat des Jésuites et auj. à l'Instituto de S. Isidro), vigoureuse et assez espagnole de style, a inspiré directement Goya pour la chapelle des Borgia à la cathédrale de Valence. Et parmi les scènes de genre de Houasse (Palais royal de Madrid et La Granja), aimables et adroitement composées, très variées (un épisode du Don Quichotte, la Barque enchantée, voisine avec des " documentaires précieux " : Intérieur d'école, Académie de dessin, Alcázar de Madrid vu du Manzanares, avant l'incendie de 1734), plusieurs sujets de jeux et divertissements populaires (Colin-maillard, la Balançoire, la Battaison) ont été repris par Goya dans ses cartons de tapisserie. Houasse apparaît ainsi comme le premier et le principal trait d'union entre artistes espagnols et français du xviiie s.