Carl Fredrik Hill

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre suédois (Lund 1849  – id.  1911).

Après ses études à l'école des Beaux-Arts de Stockholm, il se rendit en 1873 à Paris, où il travailla dans un isolement presque total. S'inspirant de Corot et de Daubigny, il se consacra à la peinture de paysage en une série de toiles représentant la forêt de Fontainebleau au crépuscule ou au clair de lune, peintes dans une gamme sombre. Sa rencontre avec les impressionnistes, lors de leur deuxième exposition de 1876, transforma son style. Avec de vives couleurs, en des lignes souvent audacieusement dépouillées et en une écriture tantôt brutale, tantôt douce et insinuante, Hill peignit des motifs de rivage à Luc-sur-Mer (Calvados), des arbres fruitiers en fleurs à Bois-le-Roi (Seine-et-Marne) et d'harmonieux bords de rivière de la vallée de la Seine (Vue de Loing, 1877, Stockholm, Nm). Certains des derniers paysages de cette période révèlent, par le travail du pinceau et du couteau à palette, dans une pâte consistante et généreuse, une rare volonté d'expression, que l'on retrouve dans l'atmosphère mélancolique de ses toiles Kyrkoġarden (le Cimetière, musée de Malmö) et Det ensamma trädet (l'Arbre solitaire), avec leur dépouillement sévère et leur coloris suggestif. En 1878, Hill fut frappé de schizophrénie chronique et fut transporté en Suède (1880). À partir de 1883, soigné dans sa famille à Lund, il dessina tous les jours en dépit de sa maladie. Il laissa plusieurs milliers de dessins (Stockholm, Nm et plus de 2 000 au musée de Malmö), réalisés à la craie de couleur, à la craie noire, à l'encre, à l'encre de Chine ou au crayon, dans lesquels il réussit, avec une grande puissance d'expression, à matérialiser ses fantaisies visionnaires et hallucinatoires : architectures de rêve, scènes irréelles de la nature, somptueuses débauches orientales, images d'apocalypse, visions féminines et d'animaux étranges (Un cerf qui rugit, Suède, musée de Malmö). Ses dessins à l'encre de Chine ou à la plume sont, en particulier, d'une ligne subtile rejoignant l'arabesque. Son art fut peu connu de son vivant. Après une exposition commémorative à Lund, en 1911, Hill apparut, avec Josephson, comme l'un des artistes les plus doués de l'art suédois ; son œuvre de " malade mental " eut, un peu plus tard, une grande valeur anticipatrice et une importance capitale dans l'évolution de l'art moderne en Suède.