Auguste Herbin

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Quiévy, Nord, 1882  – Paris 1960).

Il passe sa jeunesse au Cateau, où il apprend le dessin, fréquente ensuite l'école des Beaux-Arts de Lille et arrive en 1901 à Paris. Il peint d'abord dans la manière impressionniste des tableaux qu'il vend au père Soulier et ensuite à Clovis Sagot. Il expose pour la première fois en 1905 au Salon des indépendants. Accordant déjà la priorité à la couleur, c'est avec des peintures fauves qu'il participe au Salon d'automne de 1907 mais, dès l'année suivante, ses œuvres sont devenues cubistes. C'est le point de départ de ses propres recherches plastiques, quelque peu parallèles à celles de Juan Gris, qu'il avait rencontré au Bateau-Lavoir, où il s'était installé en 1909. Il est pris sous contrat par Léonce Rosenberg dans sa galerie de l'Effort moderne, à partir de 1917, alors que déjà sa préoccupation de lier dans le plan la couleur à la forme l'avait amené à concevoir ses premières compositions abstraites (Paysage à Céret, 1913, Céret, M.A.M.), le respect du plan étant pour lui incompatible avec la représentation de l'objet. Dès ce moment, il affirme sa volonté d'émancipation et développe ses principes, qu'il applique même, vers 1920, à l'exécution de reliefs en bois polychromes (Paris, M. N. A. M.) dans lesquels il tente une synthèse monumentale des trois arts plastiques : peinture, sculpture et architecture. Pourtant, il revient encore pour une brève période, de 1922 à 1925, à l'art figuratif avec des paysages méridionaux peints au cours d'un séjour à Vaison-la-Romaine, des scènes de genre, des Joueurs de boules, 1925 (Paris, M. N. A. M.) et des natures mortes exécutées en aplats. Ce dernier contact direct avec la nature lui confirme que la couleur a bien son langage propre, qu'il associe d'abord à des formes simples rythmiquement organisées avant d'établir un système de relation étroite entre la couleur et la forme qui constituera l'originalité de l'œuvre abstraite qu'il accomplit à partir de 1940 pour exprimer " une vision spirituelle de l'univers ". Sa réflexion rigoureuse sur la création non figurative lui permet d'élaborer un " alphabet plastique " fondé sur les couleurs pures combinées avec les figures élémentaires de la géométrie plane : cercle, carré, rectangle, triangle, losange (Composition sur les noms Apollon et Dionysos, 1947, musée de Tourcoing), et de codifier l'utilisation de cet alphabet dans un ouvrage théorique, l'Art non figuratif non objectif (éditions Lydia Conti), qu'il publie à Paris en 1949. Herbin, qui avait fondé en 1931 avec Vantongerloo l'association Abstraction-Création et contribué aussi à la création du Salon des réalités nouvelles, dont il fut le vice-président jusqu'en 1955, a exercé par la force de ses images et la rigueur de son attitude une grande influence sur les jeunes artistes abstraits d'après-guerre au même titre que César Domela et Alberto Magnelli. L'œuvre d'Herbin reste un des plus beaux exemples de l'art abstrait géométrique. Il est représenté par plusieurs toiles au M. N. A. M. de Paris et par un ensemble d'œuvres au musée du Cateau. Le M. O. M. A. et le Guggenheim Museum de New York, les musées de Beauvais, Céret, Nantes, Valenciennes, Lille, Saint-Étienne et Grenoble conservent de ses tableaux. Une rétrospective Herbin a été présentée (Céret, M. A. M.) en 1994. Le catalogue raisonné des œuvres d'Herbin est publié à Paris en 1995. La gal. Denise René a présenté un bel ensemble d'œuvres de l'artiste, Paris, 1995-1996.