Marsden Hartley

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre américain (Lewiston 1877  – Ellsworth, Maine, 1943).

Après des études à New York, il est vivement marqué par l'œuvre symboliste d'Albert P. Ryder. C'est grâce à l'aide financière de Stieglitz, qui l'expose dès 1909 à sa gal. 291, qu'il peut se rendre en Europe : après un séjour à Paris en 1912, on le trouve l'année suivante à Berlin, où il se lie avec les membres du Blaue Reiter, avec lesquels il va exposer à Munich. À la technique du " point ", empruntée à l'Italien Segantini (Lac de montagne, automne, 1908, Washington, Phillips Coll.), il substitue des plans vivement colorés et des formes continues où se trouvent des motifs symboliques et très stylisés. Ainsi, le bélier de Formes abstraites (1913, New York, Whitney Museum), qui n'est pas sans rappeler l'utilisation des animaux par l'Allemand Franz Marc.

Rentré aux États-Unis pour participer à l'Armory Show de New York, il retourne en 1914 à Berlin, où il a, l'année précédente, exposé au premier Salon d'automne. Ce n'est qu'à partir de cette période qu'il trouve un style vraiment original : Portrait d'un officier allemand (1914, Metropolitan Museum) ou Peinture n° 5 (1914-15, New York, Whitney Museum) témoignent de sa parfaite maîtrise ; tout en conservant la palette expressionniste et son goût des symboles (ici des insignes militaires, des drapeaux et des épaulettes), il élabore des compositions d'une grande densité, à la limite de l'Abstraction par l'emploi de larges bandes de couleurs violentes. De retour aux États-Unis (1915), Hartley connaît un brusque changement de style et commence à peindre de pures abstractions, en plans nettement découpés et de couleurs pastel (Mouvement n° 2, 1916, Hartford, Wadsworth Atheneum). Mais cette période est brève : dès 1918, il abandonne définitivement l'Abstraction pour peindre les vastes paysages tourmentés du Sud (Souvenir de New Mexico, n° 11, 1922-23, New York, Babcock Gal.) ainsi que des natures mortes et des lithographies, où le souvenir de Cézanne est sensible. Après avoir habité Aix-en-Provence (1926-1931), Hartley séjourne au Mexique (1932-33) et en Bavière (1933-34 ; vues de montagnes). Il retourne aux États-Unis et commence à peindre des sujets qu'il juge plus " héroïques ", dans la manière délibérément primitive que lui inspire son premier maître, Ryder. Une de ses dernières toiles, la Cène des pêcheurs, Nova Scotia (1940-41, New York, coll. Neuberger), porte la marque du mysticisme chrétien qui caractérise son style tardif.