Raymond Hains

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Saint-Brieuc 1926-Paris 2005).

Plasticien non conformiste tout au long de son activité, Raymond Hains, après des études à l'école des Beaux-Arts de Rennes, où il se lie avec La Villeglé, entreprend ses premières investigations artistiques dans le domaine de la photographie, produisant dès 1947 une série de photos abstraites où il cherche à traduire l'idée du mouvement en prenant des vues d'objets à travers un objectif cannelé qu'il a mis au point. Il en résulte une image éclatée, répétitive et rythmée qui rompt avec la vision traditionnelle (exposition des " Photographies hypnagogiques " chez Colette Allendy, Paris, 1949). Sur ce principe de la destruction de l'unité formelle de l'objet, Hains réalise un film d'animation, Pénélope, en collaboration avec Jacques de La Villeglé. Dès 1949, il découvre le potentiel plastique des affiches lacérées placardées sur les murs et les palissades. Il y trouve à l'état brut ce qu'il tente de reconstituer par la photographie : des compositions abstraites, dynamiques et discontinues. Il en collecte un grand nombre, qu'il découpe directement ou prélève avec leur support, les sélectionnant suivant un cadrage photographique ou selon leur impact expressif. En 1957, il présente à Paris avec La Villeglé une exposition d'affiches lacérées intitulée " Loi du 29 juillet 1881 ", laquelle sera suivie de la présentation de la Palissade des emplacements réservés à la première Biennale de Paris. Il s'intéresse particulièrement aux affiches politiques, témoignage immédiat d'une réalité sociologique, constituant de 1949 à 1961 une importante série, la " France déchirée " (C'est ça le renouveau ?, 1959). À travers ce mode direct d'appropriation, il réalise la synthèse entre le ready-made de Duchamp et l'esthétique de l'Abstraction expressionniste, et pose les bases du Nouveau Réalisme, dont il est l'un des principaux instigateurs et représentants. Mais son œuvre dépasse largement le cadre de l'Affichisme. Lui-même se définit comme un " raccrocheur d'images ou un spéculateur d'art ". Au Salon Comparaison de 1963, il présente le Néo-Dada emballé ou l'Art de se tailler en palissade, cheval géant emballé sur une maquette de Christo, en hommage à Dada. Diverses expositions utilisent le même système de dérivation du sens et de jeu analogique qui ne cesse de combiner objets, noms de lieux et de personnes : Lapalissades (Paris, 1963), Matheymatics (Exposition 72 – 12 ans d'art contemporain, Grand Palais, Paris, 1972), Monochrome dans le métro (gal. Éric Fabre, Paris, 1983), montrant la reconstitution d'une station de métro avec des panneaux bleus et le logo des petits-beurre L.U. déformé, l'Hommage au marquis de Bièvres (Jouy-en-Josas, fondation Cartier, 1986). Le C. N. A. C., Paris, lui a consacré une grande exposition en 1976, intitulée par l'artiste " la Chasse au C. N. A. C. ". Les œuvres de Hains sont présentes dans de nombreux musées : Paris, M. N. A. M., M. A. M. de la Ville de Paris, Dole, Nice.