Renato Guttuso

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Bagheria, Palerme, 1912  – Rome 1987).

Il commence à peindre en 1930 après avoir abandonné ses études de droit. Établi à Rome en 1931, Guttuso se lie avec les peintres de l'École romaine, en particulier Mafai, Cagli et Ziveri. Il se réfère à la peinture française, celle des fauves, de Van Gogh et de Cézanne, et puise dans le courant romantique et réaliste du xixe siècle (Courbet, Daumier, Delacroix) les premiers principes d'un art nouveau, " populaire " et moderne. La structure néo-cubiste des œuvres de cette période, au cours de laquelle il adhère au mouvement milanais Corrente, s'accompagne, à partir de 1938, d'une violente tendance expressionniste.

Pendant la guerre, Guttuso va prendre part à la Résistance. Cet engagement se marque alors dans les thèmes politiques et sociaux qu'il développe dans ses œuvres et qui aboutissent à la Crucifixion (1941, Rome, G. A. M.), le plus violent acte d'accusation contre les horreurs de la guerre. Cofondateur, après la guerre, du Fronte nuovo dell'arti, Guttuso devient, à partir de 1949, le chef de l'école néo-réaliste, participant aux côtés du parti communiste italien au débat sur le " réalisme socialiste " qui agite aussi la France à cette époque. Dans une série d'écrits, il met en évidence la nécessité d'un engagement esthétique conduit par un choix précis d'impératifs politiques et moraux. Pour lui, le " vrai objectif " devient un moyen de communication à travers un art populaire et politique. Guttuso emprunte ses sujets à l'actualité des luttes sociales (cycle sur l'Occupation des terres dans l'Italie méridionale, 1946-1948 ; Viêtnam, 1965). De nombreuses manifestations artistiques en Italie et hors d'Italie, ainsi que des expositions particulières de Guttuso aux Biennales de Venise (1948, 1950 puis 1960), confirment sa position.

Le peintre aborde ensuite des grandes compositions dans la tradition du xixe siècle, mais réinterprétées à travers un réalisme populaire. Il traite de cette manière des sujets historiques, des faits sociaux contemporains, des scènes de la vie citadine (la Plage, 1955, Rome, G. A. M.).

Après 1956, Guttuso exploite aux mêmes fins des procédés nouveaux (la Discussion, peinture et collage, Londres, Tate Gal. ; Journal mural de mai 1958, 1968, Aix-la-Chapelle, Neue Gal.). Une rétrospective Guttuso a été présentée à Londres (White Chapel Art Gallery) en 1996.