Marcel Gromaire

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Noyelles-sur-Sambre, Nord, 1892  – Paris 1971).

Il se forme à Paris (1910) aux Académies Colarossi, Ranson et la Palette à Montparnasse, où il a Le Fauconnier pour correcteur, et voyage dans les pays du Nord (Belgique, Hollande, Allemagne, Angleterre). Il commence à exposer au Salon des indépendants en 1911. Pendant la guerre, il est blessé sur la Somme en 1916. Il tient sa première exposition particulière à la galerie La Licorne (Paris) en 1921. Admirateur de l'art roman et de l'art gothique, il se situe dans la tradition française des plasticiens, de Fouquet à Cézanne et Seurat, ce que confirme l'expérience cubiste revivifiant la Figuration de l'après-guerre. Dès ses débuts, après une brève influence de Le Fauconnier, son univers est celui d'une humanité laborieuse et taciturne, rustique le plus souvent, parfois citadine (la Loterie foraine, 1923, Paris, M. A. M. de la Ville). Gromaire donne à l'individu la dimension du type, dans des compositions monumentales, aux masses sommairement définies, anguleuses, rendues par des couleurs où dominent les terres, les ocres et les gris-bleu, et par une touche petite et pommelée (le Faucheur flamand, 1924, id.). La Guerre (1925, id.), présentée au Salon des indépendants, attira par son éloquente sobriété l'attention sur son auteur, qui entra en relation avec son principal collectionneur, le docteur Girardin. L'artiste est alors le meilleur représentant en France d'un Réalisme synthétique et expressif, illustré également à l'étranger. Parallèlement à ces tableaux caractéristiques de milieux sociaux, il peint des nus aux volumes denses, d'une robuste sensualité. En 1937, il exécuta plusieurs décorations pour l'Exposition internationale de Paris et, à partir de 1938, participa avec Lurçat à Aubusson à la renaissance de la tapisserie (les Quatre Éléments, Paris, Mobilier national). Il s'orienta dès lors vers une manière plus décorative, où les tons, plus vifs, sont exaltés par la structure noire du graphisme (suite de vues de villes : New York, 1951 ; Paris, 1956). Graveur, d'abord sur bois (l'Homme de troupe, 10 bois, 1918), puis à l'eau-forte, il a illustré Petits Poèmes en prose de Baudelaire (1926), Macbeth de Shakespeare (1958), Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand (1962). Le M. A. M. de la Ville de Paris, qui conserve un ensemble de ses œuvres, provenant du legs Girardin, lui consacra une rétrospective en 1980.