Michele Boni dit Giambono ou Michele Boni dit Zambono

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Venise, documenté de 1420 à 1462).

Tout en étant, pour la peinture, la personnalité vénitienne la plus remarquable du Gothique international, son style n'a été apprécié à sa juste valeur qu'à la lumière d'études critiques récentes. Actif à Venise à l'époque où, sous l'impulsion des courants de la Renaissance, s'opère un changement de style radical, et discuté, Giambono reste fidèle à lui-même, enfermé dans la préciosité irréelle d'un monde finissant, mais dont il sut donner une expression d'une intensité exceptionnelle : la dernière flamme en somme de cette civilisation qui s'éteignait.

Son catalogue n'est pas très riche, et, comme son style ne subit pas de changements bien évidents, la chronologie de ses œuvres n'est guère facile. On date habituellement de sa jeunesse le polyptyque, maintenant démembré, représentant l'Archange saint Michel entouré de saints, sorte d'emblème de la position artistique de Giambono. Dans le compartiment central (Settignano [Florence], fondation Berenson), le raffinement d'un coloris somptueux et d'une délicatesse diaphane (voir, par exemple, le bleu indéfinissable du globe que tient l'archange) s'unit à un rythme exaspéré de la ligne décorative. Le visage large, aux traits tombants, aux sourcils très hauts, caractéristique de la manière du peintre, révèle l'influence de Gentile da Fabriano plutôt que celle de Jacobello del Fiore. Les Saints latéraux (Padoue, Museo Civico), aux silhouettes allongées, semblent strictement clos dans une atmosphère raréfiée, avec leurs brocarts resplendissants et leurs couleurs tendres fondues dans une transparence liquide. Dans les 2 mosaïques, signées, de la chapelle des Mascoli (Naissance et Présentation de la Vierge, Venise, S. Marco), on découvre une certaine intuition de la perspective dans l'organisation des architectures et un sens narratif efficace. Des caractères analogues paraissent dans la fresque décorant la Tomba Serego, datée 1432 (Vérone, S. Anastasia). Un sens étonnant du merveilleux préside à l'élaboration du Saint Chrysogone à cheval (Venise, S. Trovaso), tout brillant de l'éclat de ses ors, tandis que, dans le polyptyque avec Saint Jacques le Majeur et quatre saints (Venise, Accademia), datable de la 5e décennie env., un souci plus grand de la perspective, une simplification du rythme linéaire, aux traits fluides et plus élégants, indiquent un assagissement de la fantaisie de l'artiste, mûr désormais. Giambono semble alors se replier sur lui-même, dans un ultime et vain effort pour s'assimiler les formules nouvelles de la Renaissance.