Johnny Friedlander

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Artiste allemand actif en France (Pless, Haute-Silésie, 1912  – Paris 1992).

Formé à bonne école dès 1928 auprès d'Otto Müller à l'Académie des beaux-arts de Breslau, Friedlander donne très précocement ses premières gravures et va compléter librement sa formation à Dresde et à Paris. Mais, dès 1935, il ne peut plus vivre en Allemagne et, après quelques années d'errance, se fixe à Paris, qu'il doit quitter en 1940. C'est à la Libération qu'on découvre vraiment ce grand graveur car Frielander ne travaille que le métal et il est incontestablement un des maîtres contemporains de l'eau-forte. C'est ainsi qu'il apparaît dès sa première exposition personnelle en 1949 à la Hune, où il expose ensuite chaque année. Paul Eluard a dit de lui qu'il " condense toutes les lumières nocturnes ". Nuée basse de 1967 ou Nuit sombre de 1973 — sur des fonds où affleurent quelques traces, quelques signes — inscrivent des formes où jouent la morsure de l'acide, mais aussi les subtils effets de lavis qu'offre si largement l'aquatinte. Cet exilé, attaché à la France, est resté allemand de sensibilité. Il le dit par son Hommage à Caspar David Friedrich (1975), par ce qui semble parfois dans son art faire référence à Paul Klee et plus encore par ce qu'a de musical, et très précisément de contrapuntique, son écriture dépouillée et complexe à la fois. Une gravure de Friedlander permet de suivre des jeux graphiques concertant comme on peut discerner les voix d'une fugue. La même qualité musicale, mais où la sonorité est plus diffuse et plus sourde, règne dans ses très belles aquarelles, qu'il ne craint pas d'appeler pour certaines Paysages. Friedlander est bien représenté dans les musées français et étrangers, en particulier israéliens, allemands et suisses. Il est à noter que l'Unesco lui avait demandé de professer les techniques de la gravure au musée d'Art moderne de Rio de Janeiro et que, dans son atelier parisien de l'Ermitage, il a depuis 1949 formé de nombreux jeunes graveurs. Parmi les grandes expositions qui lui ont été consacrées depuis une quinzaine d'années par les musées de Bruxelles, de Tel-Aviv, de Harlem, de Brunswick, il faut relever celle de l'œuvre gravé au musée d'Art moderne de la Ville de Paris en 1978. La rétrospective la plus complète est celle de la Kunsthalle de Brême en 1987.